Polycarpa triruga, Monniot & Monniot, 2003

Monniot, Françoise & Monniot, Claude, 2003, Ascidies de la pente externe et bathyales de l’ouest Pacifique, Zoosystema 25 (4), pp. 681-749 : 705-708

Polycarpa triruga n. sp.

( Figs 19 ; 20 )

MATÉRIEL TYPE — Îles Fidji. Ride de Lau, 17°18’S, 179°33’W, 850 m, 5.III.1999, nombreux individus syntypes (MNHN S1 POL.B 483).

ÉTYMOLOGIE. — Le nom d’espèce évoque les trois plis branchiaux présents de chaque côté.

DESCRIPTION

Un très grand nombre d’individus a été récolté lors d’un chalutage, mais beaucoup sont endommagés.

Le corps mou est aplati, entièrement couvert de sable, de forme ovale, il mesure jusqu’à 5 cm de long, 2,5 cm de large et moins de 1 cm d’épaisseur. Le siphon buccal est à une extrémité du corps, le siphon cloacal au milieu du corps ( Fig. 19A ), les deux siphons étant sessiles dans une fente dorsale. La tunique est fine sous le revêtement sédimentaire. Le manteau est particulièrement fin, transpa- rent ( Fig. 19A, B ). Il contient des fibres épaisses issues des deux siphons qui ne se prolongent pas au delà de la moitié des faces latérales, la musculature est donc absente sur la face ventrale ( Fig. 19C ). Les fibres circulaires des sphincters des siphons s’étendent assez loin à la base de ceux-ci.

Il y a un vélum buccal et à sa base 16 gros tentacules de deux ordres et quelques très petits intercalés. Le bourrelet péripharyngien est mince, en une seule crête, il dessine un V dorsal large mais peu profond ( Fig. 20B ). Le tubercule vibratile est petit, ouvert en fente antéro-postérieure.

Le raphé est long et n’augmente de hauteur que très près de l’oesophage. Il y a trois plis branchiaux de chaque côté, bas et très espacés, ou bien quatre plis à gauche et trois à droite. Le pli le plus dorsal à gauche est placé contre le raphé. Une formule branchiale:

D.E. 9 (12) 10 (11) 15 (9) 7 R. (8) 10 (10) 16 (10) 10 (10) E.G.

Les plis se raccordent au raphé rétro-pharyngien. Il y a deux stigmates par maille entre les plis et un seul sur les plis. Il existe des sinus parastigmatiques.

Le tube digestif n’est pas replié en boucle mais forme seulement un arc de cercle ( Figs 19C ; 20A ). L’estomac est sphérique, court, avec une douzaine de plis longitudinaux. Il est bien délimité de l’oesophage et de l’intestin. L’intestin est court, terminé par un anus retroussé, à bord ondulé.

Dans un exemplaire, il y a huit gonades à droite et six à gauche ( Fig. 20A ), dans un autre spécimen six gonades de chaque côté ( Fig. 19C ). Les polycarpes sont alignés en un rang de chaque côté du corps. Chaque gonade ovale comprend deux rangs parallèles de lobules mâles arrondis ( Fig. 20C, D ) situés contre le manteau, recouverts par l’ovaire. Les papilles mâle et femelle sont jointives, apicales et courtes ( Fig. 20C ). Les polycarpes sont très faiblement liés au manteau et s’en détachent très facilement et un pont dermatobranchial les relie à la branchie ( Fig. 20D ). Il n’y a pas d’endocarpes.

Il y a un rang de tentacules cloacaux filiformes mais pas de vélum.

REMARQUES

Cette espèce ressemble à Styela thelyphanes Sluiter, 1904 . Malheureusement l’holotype de cette espèce (ZMA TU 976.33) est un spécimen disséqué dont les divers organes ont été déchirés et sont incomplets. Sluiter décrit quatre plis de chaque côté, très espacés et un tube digestif peu arqué. Les gonades ne sont pas décrites.

Notre espèce diffère de ce que Kott (1985) a identifié comme Polycarpa thelyphanes ( Sluiter, 1904) qui a quatre plis branchiaux, un tube digestif formant une boucle et quelques endocarpes sur le manteau qui est muni d’une très faible musculature.

Figures

FIG. 19. — Polycarpa triruga n. sp.; A, B, face dorsale et ventrale d’un spécimen détuniqué; C, spécimen ouvert.

FIG. 20. — Polycarpa triruga n. sp.; A, spécimen ouvert; B, région neurale; C, D, faces interne et externe d’un polycarpe. Échelles: A, 1 cm; B, 3 mm; C, D, 1 mm.