Myopegma melanesium, Monniot & Monniot, 2003

Monniot, Françoise & Monniot, Claude, 2003, Ascidies de la pente externe et bathyales de l’ouest Pacifique, Zoosystema 25 (4), pp. 681-749 : 691-693

Myopegma melanesium n. sp.

( Fig. 8 ) MATÉRIEL TYPE. — Nouvelle-Calédonie. 22°16.25’S, 167°15.53’E, 445-472 m, 5.IX.1985, holotype (MNHN P6 MYO 1).

DESCRIPTION

L’unique exemplaire a une tunique cartilagineuse, nue, transparente de 11 mm de diamètre. Le corps est un peu aplati dorso-ventralement, il semble avoir été fixé par la face opposée aux siphons. Le siphon buccal s’ouvre en fente entre deux grosses lèvres opposées à surface finement plissée, limitées par un sillon. Le siphon cloacal, en forme de cône, est petit et peu saillant. Les deux siphons sont situés sur la face supérieure du corps. La tunique est plus épaisse dorsalement que ventralement.

B

Le corps ( Fig. 8A ), facilement extrait de la tunique, ne mesure que 7,5 mm de diamètre. Le manteau est transparent et permet de bien distinguer la forme des organes. Ce qui frappe au premier examen est le développement considérable de la masse musculaire, dans une disposition qui n’a pas d’équivalent chez d’autres ascidies ( Fig. 8 ). Les muscles sont dorsaux, en deux plans superposés.

Dans le plan le plus superficiel ( Fig. 8A ), un fort anneau musculaire entoure le siphon buccal, prolongé latéralement en un ruban transverse de chaque côté. Un ruban transversal un peu moins épais se situe un peu antérieurement au siphon. Des fibres obliques se dirigent, des deux extrémités latérales épaisses du ruban transversal vers le pôle tout à fait antérieur pour former un ruban court et épais ( Fig. 8A ).

Un sphincter de fibres plus fines entoure le siphon cloacal et se prolonge latéralement en un ruban transversal fin ( Fig. 8A ). Entre le siphon buccal et le siphon cloacal s’étendent des fibres transverses plus espacées qui rejoignent latéralement le ruban transversal issu du siphon cloacal.

À cet ensemble de fibres transverses s’ajoutent des fibres radiaires courtes issues des deux siphons et des fibres longitudinales latérales qui rejoignent les extrémités latérales des rubans transverses.

Un deuxième ensemble de muscles, beaucoup plus massif, où les fibres ne sont pas individualisées, se situe dans un plan plus profond mais toujours dorsal ( Fig. 8B ). Ce système assure la rigidité de l’animal. Il se compose de deux fortes baguettes longitudinales, en position latérale, qui se divisent en éventail à l’extrémité antérieure et possèdent également de courtes ramifications à l’extrémité postérieure. Ces ramifications sont brusquement tronquées. Entre les deux baguettes latérales un pont transversal de même nature, non ramifié, s’étend un peu en avant du siphon cloacal ( Fig. 8B ).

L’ouverture buccale ovale est invaginée dans la cavité orale. Elle est bordée d’un cercle de tentacules courts et plats. Cette cavité pharyngienne s’étend antérieurement en une poche peu profon- de et postérieurement jusqu’au tube digestif, sans que l’on puisse délimiter précisément son contour chez l’animal très fragile. La paroi est très fine, sans épaississement visible. Aucune perforation n’a pu être mise en évidence, mais il en existe peut-être.

Le ganglion nerveux est bien visible sur le plafond de la cavité buccale, près du siphon cloacal. Il est triangulaire et donne naissance a deux racines nerveuses latérales ( Fig. 8B ).

Le tube digestif massif est en position transversale; il occupe la moitié postérieure du corps. Une première poche à peu près sphérique est située à droite du corps. Sa paroi est fine et porte un réseau de tubules en lacis qui semble correspondre à une glande pylorique ( Fig. 8C ). À gauche de cette masse, une poche un peu plus petite est recouverte ventralement et latéralement par un ovaire de contour diffus contenant de très nombreux ovocytes. Au centre de l’ovaire un amas cellulaire correspond à un testicule ( Fig. 8C ). Les gonoductes n’ont pas été trouvés. Postérieurement à l’ovaire, on distingue un court rectum épais terminé en un anus, simple trou étroit, près du siphon cloacal.

Par transparence, dans l’estomac très plein, on distingue des débris de tests de petits crustacés.

REMARQUES

Cette espèce, par la structure de sa tunique, l’absence de véritable branchie, la structure du tube digestif et des gonades se rapproche des autres genres d’Octacnemidae. Parmi ceux-ci, les genres Benthascidia Ritter,1907 , Dicopia Sluiter, 1905 , Hypothythius Moseley, 1879, Kaikoja Monniot, 1998 , Megalodicopia Oka, 1918 , Octacnemus Moseley,1876 , Polyoctacnemus Ihle,1935 et Situla Vinogradova, 1969 ont tous un pharynx bien développé avec une branchie perforée et un endostyle différencié.

Le genre Cryptia Monniot & Monniot, 1985 a également une branchie perforée de quelques stigmates polygonaux, mais elle reste très peu étendue. La musculature est faible, essentiellement localisée au niveau de l’ouverture buccale.

Le genre Cibacapsa Monniot & Monniot, 1983 n’a plus du tout de branchie perforée, la cavité pharyngienne ne communique avec la cavité cloacale que par un petit orifice situé sur le côté gauche de la fente orale et se transforme en une ouverture complexe à multiples circonvolutions du côté cloacal. La musculature est restreinte aux fibres de la partie orale, sur le capuchon antérieur et aux commissures des lèvres.

Dans aucun des genres précédemment décrits, on ne trouve les énormes muscles en « étai » ou en « armature » qui sont à l’origine du nom de genre. Chez Myopegma n. gen., les deux orifices buccal et cloacal ne sont plus placés sur des faces opposées du corps, mais sur la face libre supérieure opposée à la zone de fixation de l’animal.

Figures

FIG. 8. — Myopegma melanesium n. gen., n. sp., corps sans tunique; A, face dorsale; B, musculature dans un plan profond; C, face ventrale. Échelle: 5 mm.