Elasmobranchii

Brignon, Arnaud, 2023, Les vertébrés du Kimméridgien supérieur de Fumel (Lot-et-Garonne, France) dans la collection Jacques-Ludomir Combes (1824 - 1892), Geodiversitas 45 (2), pp. 55-126 : 74-76

publication ID

https://doi.org/ 10.5252/geodiversitas2023v45a2

publication LSID

urn:lsid:zoobank.org:pub:DB481D61-FD53-4E94-B880-D6B9BD881BDF

DOI

https://doi.org/10.5281/zenodo.7696966

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/03CA87F1-B411-A050-ACB5-FA48FD33F9B2

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Felipe

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Elasmobranchii
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Sauvage attribua à l’espèce Hybodus acutus Agassiz, 1836 une épine dorsale incomplète ( Fig. 15A View FIG ) et douze dents isolées dont il figura deux d’entre elles ( Fig. 15 View FIG F-G). Cette espèce fut introduite par le paléoichtyologiste suisse Louis Agassiz (1836: vol. 3, pl. 10, fig. 4-6; 1837: vol. 3, 45) sur la base d’un fragment d’épine dorsale de la Kimmeridge Clay Formation de Shotover en Angleterre, conservé au Natural History Museum à Londres (NHMUK PV P 489). Même si les spécimens figurés par Sauvage n’ont pas été retrouvés dans les collections du MBA, une des douze dents a pu être identifiée comme en atteste l’étiquette de la main de Sauvage qui l’accompagne ( Fig. 15 View FIG H-I). Sa cuspide centrale est large à la base, triangulaire et haute. Elle présente des bords tranchants bien développés. Sa face visible est relativement plate. Elle possède une paire de denticules latéraux. L’ornementation consiste en des plis bien marqués recouvrant la base de la couronne, et atteignant le sommet des denticules. La morphologie des dents figurées par Sauvage et celle retrouvée au MBA correspondent à celle du genre Planohybodus Rees & Underwood, 2008 (Hybodontidae) , genre qui a été signalé dans le Kimméridgien de France, de Suisse et de Pologne ( Vullo 2011; Leuzinger et al. 2017a, b; Stumpf et al. 2022). L’état de conservation de ces dents et la présence ou non d’autres paires de denticules latéraux ne permet cependant pas une détermination spécifique. Elles seront attribuées ici à Planohybodus sp. L’épine dorsale quant à elle est légèrement incurvée postérieurement et est ornée d’arêtes longitudinales sur ses faces latérales et antérieure ( Fig. 15A View FIG ). D’après Sauvage, le bord postérieur présente deux rangées parallèles de denticules disposés alternativement qui finissent par se rejoindre pour ne former qu’une seule rangée. L’épine présente un contour ovale allongé antéro-postérieurement et comprimé latéralement, resserré antérieurement et élargi postérieurement. Cette morphologie se rencontre chez plusieurs genres d’Hybodontidae ( Maisey 1978; Furic 2016, 2017; Leuzinger et al. 2017a). L’attribution de ce type d’épine dorsale à une espèce, voire un genre précis, reste donc délicate.

Sauvage signala, sans le décrire ni le figurer, « un fragment d’ichthyodorulithe [épine dorsale] d’ Asteracanthus voisin de A. lepidus, Dollfuss [sic], du Havre et de Boulogne ». Ce spécimen a pu être retrouvé dans les collections du MBA accompagné d’une étiquette de la main de Sauvage ( Fig. 15 View FIG C-E). Le genre Asteracanthus Agassiz, 1836 (Hybodontiformes) et son espèce type A. ornatissimus Agassiz, 1836 furent introduits pour des épines dorsales du Kimméridgien de Soleure en Suisse et du Kimmeridge Clay Formation de Shotover ( Agassiz 1836: vol. 3, pl. 8; 1837: vol. 3, 31). Comme déjà noté précédemment ( Brignon 2020: 441), ces noms furent publiés de manière valide au regard du CINZ (ICZN 1999: article 12.2.7) non pas en 1837 ( Woodward 1889b: 307; Rees & Underwood 2008; Furic 2016, 2017; Cuny et al. 2020; Underwood 2020; Stumpf et al. 2021, 2022) mais en juillet 1836, date de parution de la planche 8 du volume 3 de l’ouvrage d’Agassiz ( Brignon 2014: 251) sur laquelle sont figurées et nommées les épines dorsales de Suisse et d’Angleterre étudiées par Agassiz. Woodward (1888; 1889b: 307, 308) pensa que les dents broyeuses pour lesquelles Agassiz (1838: vol. 3, 123, pl. 17) avait introduit Strophodus reticulatus Agassiz, 1838 , appartenait à la même espèce que les épines d’ Asteracanthus ornatissimus , faisant de S. reticulatus un synonyme plus récent d’ A. ornatissimus . Cette conclusion acceptée depuis plus de 130 ans a été récemment contredite par la découverte dans le Tithonien inférieur de Solnhofen d’un spécimen d’ Asteracanthus ornatissimus en connexion anatomique qui présente en réalité des dents multicuspidées très différentes de celles de Strophodus reticulatus ( Stumpf et al. 2021) . Strophodus et Strophodus reticulatus représentent donc un genre et une espèce valides, distincts d’ Asteracanthus et d’ Asteracanthus ornatissimus . Les deux espèces présentent des épines dorsales ornées sur leurs faces latérales et antérieure de tubercules en forme d’étoile. En vue latérale, la limite inférieure de la partie ornementée de ces épines est inclinée vers l’avant. Les tubercules ne sont pas présents sur la face postérieure qui présente une large rainure qui se referme à son extrémité. La partie supérieure de la face postérieure présente deux rangées de denticules alternés, en forme de crochets. Les différences entre les épines dorsales d’ Asteracanthus ornatissimus et de Strophodus reticulatus résident principalement dans le fait que, chez cette dernière espèce, la bordure antérieure est plutôt droite et moins courbée et convexe que chez Asteracanthus ornatissimus ( Stumpf et al. 2021) . La région où les denticules sont présents le long de la ligne médiane postérieure est également plus réduite et localisée distalement chez Strophodus reticulatus alors que cette zone est proportionnellement plus étendue chez Asteracanthus ornatissimus . Enfin les tubercules qui ornent les surfaces latérales des épines dorsales de Strophodus reticulatus sont moins développés et dispersés plus irrégulièrement que chez Asteracanthus ornatissimus dont les tubercules sont plus denses et disposés en rangées longitudinales.

Le bord antérieur du spécimen du Kimméridgien de Fumel présente une nette courbure convexe et les tubercules qui ornent sa face latérale droite sont bien développés et dispersés en rangées longitudinales ( Fig. 15C View FIG ). Ces caractères permettent de l’attribuer au genre Asteracanthus . De très nombreuses espèces d’ Asteracanthus ont été introduites à partir d’épines dorsales isolées plus ou moins complètes et sont considérées aujourd’hui comme douteuses en attendant une révision plus approfondies. Stumpf et al. (2021) considèrent Asteracanthus comme monotypique. Le spécimen de Fumel ne présentant pas de caractères distincts par rapport à l’espèce type est attribué ici à Asteracanthus ornatissimus . D’après les figures données par Dollfus (1863: pl. 2), l’holotype d’ Asteracanthus lepidus Dollfus, 1863 du Kimméridgien du Cap de la Hève, espèce à laquelle Sauvage rapprochait le spécimen de Fumel, semble représenter un synonyme plus récent d’ Asteracanthus ornatissimus .

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