Cavolinia gibboides, Rampal, 2002

Rampal, Jeannine, 2002, Biodiversité et biogéographie chez les Cavoliniidae (Mollusca, Gastropoda, Opisthobranchia, Euthecosomata). Régions faunistiques marines, Zoosystema 24 (2), pp. 209-258 : 219-221

publication ID

https://doi.org/ 10.5281/zenodo.5394229

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/0383825D-FF83-FFDD-8533-4028FCB9084B

treatment provided by

Marcus

scientific name

Cavolinia gibboides
status

sp. nov.

Cavolinia gibboides View in CoL n. sp.

( Figs 4 View FIG I-O; 22A, B)

Hyalaea gibbosa d’Orbigny, 1836: 95 View in CoL .

MATÉRIEL TYPE. — Méditerranée orientale, NO Thor , stn 183, 37°52’N, 23°09’E, 300 m, 16.VIII.1910, holotype L = 5,70 mm, l = 3,93 mm, H = 3,53 mm (MNHN BIMM). — Stn 143, 35°18’N, 16°25’E, 300 m, 3 paratypes L = 5,37 mm, L = 5,48 mm, L = 5,53 mm (MNHN BIMM).

MATÉRIEL EXAMINÉ. — Mers Égée et Ionienne. Trois spécimens dans le détroit de Messine et en Basse Tyrrhénienne, NO Thor , 23.VII-21.VIII.1910, 100 spécimens (nombre de spécimens par stn): stn 143, 1000 m, 35°18’N, 16°25’E (1). — Stn 143, 300 m (17). — Stn 144, 300 m, 34°31’N, 18°40’E (1). — Stn 144, 25 m (1). — Stn 145, 300 m, 32°38’N, 19°02’E (3). — Stn 147, 1000 m, 31°35’N, 19°02’E (2). — Stn 147, 300 m (8). — Stn 147, 25 m (3). — Stn 152, 300 m, 33°11’N, 21°44’E (1). — Stn 154, 300 m, 32°10’N, 24°44’E (1). — Stn 163, 1000 m, 37°52’N, 26°22E (1). — Stn 163, 200 m (1). — Stn 163, 25 m (1). — Stn 178, 65 m, 40°16’N, 26°32’E (1). — Stn 179, 65 m, 40°02’N, 25°55’E (13). — Stn 181, 300 m, 38°49’N, 25°09’E (1). — Stn 182, 600 m, 38°13’N, 24°48’E (1). — Stn 183, 300 m, 37°52’N, 23°09’E (34). — Stn 183, 65 m (6). — Stn 193, 10 m, 38°15’N, 15°39’E (2). — Stn 194, 25 m, 38°33’N, 15°29’E (1).

Golfe d’Aqaba. Cyprus, 5 spécimens, stn C 08 ( SLMP 73 ; SLMP 94 ; SLMP 198 ; SLM 1073; SLM 1189), collection personnelle de Serge Frontier .

ÉTYMOLOGIE. — Forme très globuleuse.

DISTRIBUTION. — C. gibboides n. sp. vit en Méditerranée orientale et en mer Rouge septentrionale (golfe d’Aqaba). Les rares spécimens récoltés dans le détroit de Messine et dans la mer sud-Tyrrhénienne ont valeur d’indicateur d’eau orientale profonde sortant du bassin oriental.

DESCRIPTION

C. gibboides n. sp. se distingue nettement de C. plana et C. flava comme en témoigne l’analyse factorielle. Cette espèce est proche de C. gibbosa mais elle s’en distingue par plusieurs caractères. Elle est plus petite et plus haute mais aussi large (L = 5,10-6,20 mm; H/L = 0,70- 0,76; l/L = 0,67-0,70) ( Tableau 3). Sur les plans factoriels I et II ( Fig. 4Q View FIG ) le paramètre hauteur est situé dans le nuage de points de cette espèce. La lèvre dorsale est plus courte et très proche du corps ( Figs 4 View FIG A-P; 22A, B). En vue de profil, l’angle antérieur de la face ventrale est proche de 100°, il est de 83° chez C. gibbosa . Enfin, elle possède toujours six sillons et sept côtes dorsales longitudinales comme C. flava alors que deux sillons sont en régression chez C. gibbosa . Ces spécimens se distinguent donc bien de C. gibbosa dont ils sont géographiquement séparés et donc reproductivement isolés. Il s’agit d’une espèce nouvelle pour la science que nous nommons C. gibboides n. sp. Les représentants méditerranéens et érythréens de C. gibboides n. sp., définitivement séparés au moins depuis le Pliocène, ont évolué dans le même sens du point de vue morphologique mais il est vraisemblable qu’ils aient atteint l’isolement reproductif. Une éventuelle migration lessepsienne non encore observée chez ces mollusques planctoniques ( Casanova et al. 1973) permettrait de vérifier cette hypothèse.

La situation de C. gibbosa et C. gibboides n. sp. en bordure de l’aire d’extension méridionale et septentrionale du phénotype atlantique flava fait penser à l’évolution dans le sens de la spéciation, de populations périphériques respectivement isolées en Méditerranée orientale-mer Rouge et dans le secteur océanique sud-africain-canal de Mozambique notamment.

ÉVOLUTION STRUCTURALE ET PALÉOGÉOGRAPHIE DU GROUPE GIBBOSA

Quelles sont les origines et les caractéristiques de ces différentes espèces ainsi que leurs affinités? On sait que le genre Cavolinia est apparu entre le Miocène inférieur et supérieur (Wenz 1959-1960). Les océans Atlantique et Indien achèvent leur mise en place. Le Pacifique et l’Atlantique communiquent au niveau de l’isthme de Panama et la mer Rouge est encore en relation avec la Méditerranée. Les données paléontologiques actuelles ne nous permettent pas de situer chronologiquement l’apparition des différents représentants du groupe gibbosa , ni de déterminer avec certitude le phénotype originel. Les données phénotypiques évoquent cependant un certain scénario évolutif. En effet, l’absence de deux sillons ou leurs traces chez C. plana et leur présence plus ou moins incomplète chez C. gibbosa de l’Atlantique sudoriental et du canal de Mozambique, alors qu’ils sont complets chez C. flava , peuvent être interprétées de deux façons: apparition ou disparition de deux sillons, selon que l’on parte du type plana ou du type flava . Ce dernier étant plus abondant et polymorphe, nous lui accordons le statut de phénotype originel qui aurait évolué dans le sens de la réduction du nombre de côtes dorsales longitudinales.

Pour interpréter l’isolat géographique C. gibboides n. sp. de Méditerranée orientale et de la mer Rouge septentrionale, nous avons fait appel à la paléogéographie ( Rampal 1975, 1977, 1981). Parmi les espèces marines qui vivent actuellement en Méditerranée, nous pensons notamment à la faune ichthyologique et aux astéroïdes, une partie d’origine indo-pacifique aurait été mise en place à l’Éocène ou à l’Oligo-Miocène, les autres, majoritaires, étant d’origine atlantique (Tortonese 1964, 1980). Nous citerons d’autres relictes mésogéennes: trois spongiaires typiquement indopacifiques inconnues de l’Atlantique (Vacelet 1980), des crustacés de la mer Noire ( Bacescu 1980) et un turbellarié du bassin ponto-caspien ( Brunet 1980). Ils auraient résisté à la crise messinienne et aux glaciations quaternaires dans des gîtes privilégiés localisés notamment aux confins de la Méditerranée orientale. Cette faune paléoméditerranéenne est le témoin actuel de la topographie de la Téthys, unissant l’Atlantique au Pacifique, puis de la Paratéthys. Peut-on invoquer cette hypothèse pour le groupe gibbosa ? Le phénotype originel se serait développé à partir du Miocène inférieur dans la Méditerranée, la mer Rouge septentrionale (alors baie de la Paratéthys) et enfin dans l’océan Atlantique. Au cours du Miocène, la Méditerranée s’isole et devient un bassin fermé. Les populations méditerranéenne et érythréenne sont alors isolées de la population atlantique mais réunies entre elles jusqu’à la fermeture définitive entre ces deux mers. Ainsi elles auraient évolué conjointement et indépendamment des spécimens atlantiques, atteignant le niveau de différenciation spécifique. Dans le cadre de cette hypothèse, il faut évidemment invoquer leur recul et leur maintien dans des gîtes privilégiés au cours des crises géologiques messinienne et glaciaire. Leur expansion post-glaciaire n’a pas dépassé le cadre de la Méditerranée orientale et de la mer Rouge septentrionale dont elles représentent des endémiques. Pour la population de la Méditerranée orientale on peut aussi invoquer l’hypothèse de la recolonisation post-glaciaire méditerranéenne à partir de l’Atlantique. Actuellement, le phénotype atlantique est transporté par le courant atlantique mais il s’arrête au vestibule alboranais. Il serait nécessaire d’explorer à nouveau les sédiments post-glaciaires de la Méditerranée occidentale pour y repérer son éventuel passage et son installation au moment où les conditions thermo-halines étaient semblables de part et d’autre de Gibraltar. Quant aux spécimens nord-érythréens, il est difficile d’invoquer une colonisation à partir de l’océan Indien. En effet, dans la mer Rouge méridionale actuelle, nous n’avons pas observé de représentants de ce groupe. La forme indo-pacifique est rare dans l’océan Indien et se limite au sud de l’équateur: pour cette espèce, il y a donc peu de possibilités de colonisation de la mer Rouge à partir de cet océan. Quant à C. gibbosa , située à la limite méridionale atlantique de C. flava , elle a atteint le niveau spécifique et annonce le phénotype indopacifique C. plana par régression progressive des côtes II et IV.

Kingdom

Animalia

Phylum

Mollusca

Class

Gastropoda

Order

Pteropoda

Family

Cavoliniidae

Genus

Cavolinia

Loc

Cavolinia gibboides

Rampal, Jeannine 2002
2002
Loc

Thor

Kingsley 1878
1878
Loc

Hyalaea gibbosa d’Orbigny, 1836: 95

d'Orbigny 1836: 95
1836
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