Diacria major ( Boas, 1886 )

Rampal, Jeannine, 2002, Biodiversité et biogéographie chez les Cavoliniidae (Mollusca, Gastropoda, Opisthobranchia, Euthecosomata). Régions faunistiques marines, Zoosystema 24 (2), pp. 209-258 : 243-247

Diacria major ( Boas, 1886)

( Figs 17 ; 21I, K )

Hyalaea trispinosa var. major Boas, 1886 ; 95.

MATÉRIEL EXAMINÉ. — 17 spécimens (30°41’N, 72°14’O; 30°18’N, 29°20’O; 01°13’S, 06°55’E; 30°18’N, 29°20’O; 12°38’S, 45°11’E; 21°08’S, 55°11’E; 22°29’S, 166°24’E) .

DISTRIBUTION. — D. major se rencontre dans tous les océans entre 35°N et 35°S, mais jamais en grand nombre. Ses prises dans le Pacifique septentrional (Tesch 1948) et dans l’Atlantique septentrional au nord de 40°N sont surprenantes.

REMARQUES

Cette espèce est caractérisée par les épines latérales peu élancées et peu développées par rapport à la téloconque (l/La = 1,06-1,10); elles sont obliques par rapport au plan transversal (α = 42- 60°) ( Fig. 21J ); cette divergence en direction caudale est un des critères de détermination qui a servi à la description de l’espèce. La téloconque est massive, un peu arrondie en vue dorsale et assez peu bombée ventralement. Le corps de la téloconque est massif; il s’inscrit dans trapèze très haut dont les côtés, c’est-à-dire les fentes latérales, forment un angle faible par rapport à l’axe longitudinal de la coquille (β = 18°) ( Fig. 21I ). La coquille juvénile étant presque toujours absente, il est difficile de donner des moyennes de longueur totale; certains auteurs l’estiment à 11 ou 13 mm. Les spécimens atlantiques semblent plus grands que ceux de l’Indo- Pacifique. Les plus grands spécimens observés ont été récoltés dans la mer des Sargasses. Un échantillonage plus important serait nécessaire pour vérifier s’il existe deux classes de taille distinctes. L’épine postérieure est trapue à sa base et relativement courte (souvent brisée). Le péristome est grand; la lèvre dorsale est épaisse et peu recourbée ventralement; la lèvre ventrale est épaisse et débordante, ainsi que les fentes latérales. Diacria major est blanc, à l’exception des lèvres qui sont marron et parfois aussi une partie des fentes latérales; une petite tache marron jouxte souvent le milieu de la lèvre ventrale. Chez les spécimens récoltés dans la mer des Sargasses, on peut observer une fine striation transversale.

Diacria trispinosa trispinosa (Blainville, 1821) ( Figs 18 ; 19 ; 21 I-K)

Hyalaea trispinosa Blainville, 1821: 82 .

MATÉRIEL EXAMINÉ. — 1350 spécimens dénombrés (36°08’N, 00°30’O; 36°46’N, 00°16’E; 47°33’N, un 08 08° ° 39 06 ’ ’ O N,; 49 35 ° ° 02 50 ’O ’N;, 15 00 ° ° 00 14 ’ ’ O S,; 117 12 ° ° 51 54 ’ ’ E S,; 44 22 ° 54 °29 ’E ’S;,

166°24’E; 16°26’N, 146°33’O; 00°00’S, 151°47’O). DISTRIBUTION. — Diacria trispinosa trispinosa est le taxon le plus abondant du groupe et le plus largement distribué dans tous les océans, de 40°N à 60°S mais c’est dans l’océan Atlantique qu’il est le plus fréquent et présente d’importantes variations ( Fig. 21K ). Dupont (1979) a distingué une forma atlantica qui vit dans l’Atlantique nord entre 25- 30°N et 60°N. D. trispinosa trispinosa se rencontre dans tous les océans entre 35- 40°N et 35°S. En Méditerranée, elle a valeur d’indicateur d’eau d’influence atlantique ( Rampal 1965).

REMARQUES

Plusieurs centaines de spécimens actuels et fossiles ont été observés. Ils se distinguent de l’espèce précédente par le grand développement

Biodiversité et biogéographie chez les Cavoliniidae (Mollusca, Gastropoda)

des épines latérales qui sont fines et longues (l/La = 1,2-1,5) et à direction transversale ou subtransversale (α = 10-33°). Le corps de la téloconque, assez empâté et bombé ventralement, s’inscrit dans un trapèze assez haut dont les fentes latérales sont plus inclinées que chez l’espèce précédente (β = 24-31°) et s’éloignent donc de l’axe antéro-postérieur ( Tableau 7; Figs 18-21 ).

D. trispinosa trispinosa et sa forme atlantica sont reliées par une série d’intermédiaires ( Dupont 1979; Pafort-Van Iersel 1982; Hilgersom & Spoel 1987). D. trispinosa trispinosa est grand, notamment la forme atlantica qui peut atteindre 11 mm de long avec une téloconque de 8,69 mm. Entre le golfe de Gascogne et le Maroc, on trouve aussi de grands spécimens de la forme classique de D. trispinosa trispinosa (L = 10,32 mm, La = 7,38 mm). Dans les autres secteurs de l’Atlantique et dans l’Indo-Pacifique, la taille moyenne diminue. C’est dans le golfe de Gascogne et en Méditerranée sud-occidentale que l’on trouve les spécimens les plus larges: l/La peut atteindre respectivement 1,50 et 1,46. L’épine postérieure est assez longue et relativement épaisse (Lp/L = 0,61- 0,63). Le péristome est plutôt grand. La lèvre dorsale est épaisse et très recourbée ventralement; la lèvre ventrale est épaisse, généralement débordante ainsi que les fentes latérales. On a noté quelques cas de lèvre mince et étroite qui évoquent D. rampali . La coloration est très variable. Schématiquement, chez tous les représentants de cette espèce, un fin liseré marron souligne les lèvres dorsale et ventrale, une partie des fentes latérales et le bord de la téloconque situé en arrière des épines latérales. Généralement on observe aussi un trait marron près de l’extrémité postérieure de la fine côte médio-dorsale. Les épines latérales et postérieures sont blanches. Par contre, la téloconque est différemment colorée suivant les taxons. Chez D. t. trispinosa forma atlantica, elle est dorsalement et ventralement marron foncé, à l’exception des sillons longitudinaux incolores. C’est à cette sous-espèce que nous rattacherions Diacria rubecula Bontes & Spoel, 1998 , récoltée comme celle-là dans l’océan Atlantique Nord (48°58’9”N). Chez les populations de D. t. trispinosa , du golfe de Gascogne au Maroc, on trouve le même type de coloration assez uniforme mais en marron clair. Dans ce dernier secteur, ainsi que dans les autres secteurs atlantiques et indopacifiques, la coquille peut être presque entièrement blanche.

Figures

FIG. 17. — Diacria major (Boas, 1886) vue dorsale, ventrale et de profil; A, B, Canaries; C, Sargasses; D, Indien sud-occidental. Abréviations: l, largeur; L, longueur totale; La, longueur de la téloconque; Lc, longueur du corps; Lp, longueur de l’épine postérieure;,, angles de l’axe des épines latérales et des fentes latérales, respectivement, par rapport au plan transversal et longitudinal. Échelle: 1 mm.

FIG. 21. — Groupe trispinosa; A-H, Diacria gracilis n. sp.; A-G, vue dorsale, ventrale, antérieure et de profil; H, protoconque; I-K, groupe trispinosa; I, tangentes aux fentes latérales en vue ventrale; J, axes des épines latérales en vue ventrale, en abscisse et en ordonnée, projections des plans transversal et longitudinal de la coquille (angle des fentes latérales/plan longitudinal et des épines latérales/plan transversal) K, répartition géographique. Abréviations: Dg, Diacria gracilis n. sp.; Dm, Diacria major (Boas, 1886); Dr, Diacria rampali Dupont, 1979; Dta, Diacria trispinosa trispinosa forma atlantica; Dtt, D. t. trispinosa (Blainville, 1821). Échelles: A-G, 1 mm; H, 0,1 mm.

FIG. 18. — Diacria trispinosa trispinosa forma atlantica; A-G, téloconque en vue dorsale, ventrale, antérieure et de profil; A, B, Açores; C-G, golfe de Gascogne; H, I, protoconque vue dorsale et de profil. Échelles: A-G, 1 mm; H, I, 0,1 mm.

FIG. 19. — Diacria trispinosa trispinosa (Blainville, 1821); A-K, téloconque en vue dorsale, ventrale et antérieure; A-C, Méditerranée (Alboran); D, golfe de Gascogne; E, golfe de Guinée; F, G, Atlantique marocain; H, Atlantique occidental (Caraïbes); I, Atlantique sud-oriental; J, océan Indien sud-occidental; K, Pacifique centre-équatorial; L, protoconque, Méditerranée (Alboran). Échelles: A-K, 1 mm; L, 0,1 mm.