Bombus distinguendus Morawitz, 1869
publication ID |
https://doi.org/ 10.5169/seals-985904 |
DOI |
https://doi.org/10.5281/zenodo.8120936 |
persistent identifier |
https://treatment.plazi.org/id/038F6F33-FFE7-FFE0-B200-FEACC22BA81A |
treatment provided by |
Carolina |
scientific name |
Bombus distinguendus Morawitz, 1869 |
status |
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Cette campagne de piégeage n’a pas permis de retrouver ces deux espèces mais s’est soldée par la capture inattendue d’une reine de Bombus distinguendus Morawitz, 1869 (Apoidea: Apidae ) dans la commune de Trélex (VD) le 7 juin 2019. Le site précis consiste en une forêt claire de feuillus exposée au sud, à une altitude d’environ 660 m.
Cette espèce était considérée comme disparue de Suisse, les dernières données datant des années 1950. Elle était principalement signalée de la région bernoise, avec quelques mentions isolées ailleurs, notamment à basse altitude près de Lausanne et Neuchâtel. L’espèce a également été trouvée occasionnellement dans la haute chaine du Jura en France (Col de la Faucille, leg. Frey-Gessner autour de 1900; Reculet en 1986: Prost et al. 1987) et en Suisse (St-Cergue, leg. de Beaumont, 1932). À la suite de cette découverte, deux journées de terrain ont été menées dans la région comprise entre Trélex et la Vallée de Joux (VD) dans le courant du mois d’août. L’espèce n’a pas été retrouvée sur le site de Trélex, qui apparaît peu favorable à cette espèce. Il semble que l’individu capturé en juin 2019 était un individu erratique. Les prospections dans les pâturages de plus haute altitude (Combe des Amburnex, massif de La Dôle) n’ont pas été fructueuses, ce qui n’exclut pas que l’espèce s’y trouve de manière isolée. En revanche, une reine et deux mâles ont pu être observés dans un pâturage situé entre Le Brassus et la frontière franco-suisse, dans des pâturages extensifs situés à proximité de grandes zones humides. Des individus (ouvrières et reines) ont aussi été observés en France voisine, dans les environs de la commune des Rousses, les deux sites se situant à une distance d’environ 10 kilomètres. Toutes les observations de B. distinguendus ont été effectuées sur Cirsium eriophorum , une plante très attractive pour les bourdons en fin de saison, vraisemblablement en tant que source de nectar uniquement. Des individus d’autres espèces rares, notamment Bombus veteranus (Fabricius, 1793) et Bombus subterraneus (Linnaeus, 1758) , ont aussi été trouvés dans le pâturage suisse.
Bombus distinguendus Morawitz, 1869 View in CoL View at ENA
est une espèce septentrionale distribuée du Nord de l’Europe à l’Asie Centrale et la Sibérie ( Williams et al. 2011). Il s’agit d’une espèce particulièrement tardive: les reines ne sont pas actives avant mi-mai, les ouvrières se rencontrent de juillet à août et la nouvelle génération de sexués émerge dès le mois d’août ( Charman et al. 2009). En Europe, il semble que cette espèce dépende fortement du pollen de trèfle ( Trifolium sp. ) ( Edwards 1998, Benton 2006), et nos analyses de pollen sur les quelques spécimens suisses préservés dans les collections muséales indiquent également une forte proportion de pollen de Trifolium ( SwissBeeTeam 2020). B. distinguendus fait partie des bourdons qui ont connu le plus fort recul au niveau européen, l’espèce ayant quasiment disparu d’Europe centrale et occidentale ( Rasmont & Iserbyt 2010 –2014). L’espèce est considérée comme «Vulnérable» en Europe avec une diminution de 30 % de ses effectifs au cours des 10 dernières années ( Rasmont et al. 2015). À l’heure actuelle, les dernières grandes populations européennes se trouvent en Ecosse (principalement îles Hébrides), en Scandinavie (essentiellement Suède et Finlande) et ponctuellement en Allemagne. La principale raison avancée pour expliquer ce déclin est la perte des habitats de prédilection de l’espèce, en particulier la nette diminution de l’offre en fleurs à la suite des changements de pratiques agricoles, notamment la diminution des champs à fourrage riches en Fabaceae et des prairies et pâturages maigres ( Benton 2006, Goulson et al. 2008). Les longues périodes de chaleur, dont la fréquence est en augmentation en raison du changement climatique, pourraient encore accentuer cette tendance en diminuant l’offre en fleurs en fin d’été en raison de la sécheresse ( Rasmont & Iserbyt 2012).
Dans ce contexte critique, ces nouvelles données suisses et françaises sont une vraie surprise et offrent un premier signe encourageant concernant le maintien de B. distinguendus en Europe centrale. Le fait que des espèces de grande taille, relativement connues et faciles à observer comme les bourdons puissent passer complètement inaperçues pendant plusieurs dizaines d’années témoignent de la méconnaissance des populations d’invertébrés et de l’importance des inventaires faunistiques.
Au cours des 30 dernières années, l’intérêt porté aux bourdons et à leur protection n’a cessé de se renforcer, notamment en Europe. Un nombre important d’études traitant de leur déclin et des potentielles causes a été publié (voir notamment Williams 1982, Goulson et al. 2008, Williams & Osborne 2009, Arbetman et al. 2017). Des organisations et associations ont été créées pour sensibiliser la population au déclin des bourdons et proposer différents projets pour les favoriser ( Kwak 1996, Osborne et al. 2008). Plusieurs programmes de conservation dédiés à des espèces de bourdons en particulier, comme c’est le cas par exemple pour Bombus distinguendus en Angleterre ( Hancock 2009), ont même depuis été mis en place dans le but de maintenir des populations viables à un niveau national. La redécouverte de Bombus distinguendus en terre helvétique offre une belle opportunité de développer un projet de conservation des bourdons dans le périmètre du parc Jura-Vaudois.
Si la biologie de ce bourdon est relativement bien connue dans le Nord de l’Europe, on n’a que très peu d’informations sur cette espèce dans le Jura. Les observations faites en 2019 ne fournissent que peu d’informations sur les habitats qui lui sont favorables. Il semble notamment probable que ni le trèfle ni les cirses ne soient les sources principales de pollen de l’espèce dans la région. Enfin, on connaît peu la biologie de nidification de ce bourdon.
De manière concrète, trois actions seraient nécessaires pour maximiser les chances de voir B. dinstiguendus se maintenir en Suisse: 1) clarifier la distribution et l’abondance de cette espèce dans tout le périmètre du parc afin de localiser les populations restantes; 2) déterminer les plantes-hôtes utilisées par cette espèces dans la région pour la récolte du pollen; 3) utiliser ces données pour déterminer les habitats propices à l’espèce et les types de gestion des milieux et des prairies appropriés afin de renforcer les populations existantes.
No known copyright restrictions apply. See Agosti, D., Egloff, W., 2009. Taxonomic information exchange and copyright: the Plazi approach. BMC Research Notes 2009, 2:53 for further explanation.
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