Thalamita difficilis, Crosnier, 2002

Crosnier, Alain, 2002, Portunidae (Crustacea, Decapoda, Brachyura) de Polynésie française, principalement des îles Marquises, Zoosystema 24 (2), pp. 401-449 : 422-428

publication ID

https://doi.org/ 10.5281/zenodo.5402015

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/03A3D274-1100-FFFB-FCC8-B83AFD817994

treatment provided by

Marcus

scientific name

Thalamita difficilis
status

sp. nov.

Thalamita difficilis View in CoL n. sp.

( Fig. 12 View FIG )

MATÉRIEL TYPE. — Australes. SMSRB (J. Poupin coll.): Rapa, stn 467, 27°39,9’S, 144°26,1’W, casiers, 115 m, 21.III.1995, 1 holotype 25,1 × 41,8 mm (MNHN-B 27968).

LOCALITÉ TYPE. — Polynésie française, îles Australes (Rapa) à 115 m de profondeur.

ÉTYMOLOGIE. — Du latin difficilis , difficile, pour rappeler les difficultés d’identification que présente cette espèce.

DESCRIPTION

La carapace ( Fig. 12A View FIG ) est large (rapport largeur/ longueur égale à 1,67), glabre et ornée des lignes transversales de granules suivantes:

– deux courtes, côte à côte, sur la région frontale; – une, convexe et irrégulière, environ deux fois plus longue que les frontales, sur chaque région protogastrique;

– deux, 2,5 fois plus longues que les frontales, côte à côte, sur la région mésogastrique,

– une joignant les dernières dents antérolatérales, interrompue au niveau des sillons cervicaux et en son milieu;

– une, assez mal marquée, couvrant la largeur de la région cardiaque;

– une, courte et également assez mal marquée, sur chaque région mésobranchiale.

Le front est bilobé, les deux lobes, bien saillants, étant séparés par une simple fissure. Le bord antérieur de ces lobes, horizontal et lisse, est très légèrement sinueux (concave vers son milieu) et se termine du côté extérieur par un arrondi régulier. Les lobes orbitaires internes ont une longueur égale à 0,85 fois celle des lobes frontaux; ils sont à peine obliques et presque droits; leur angle externe est légèrement inférieur à un angle droit.

Les bords antérolatéraux de la carapace sont découpés en quatre dents; un gros granule s’observe entre les troisième et quatrième dents. Les quatre dents, fortes et acérées, s’incurvent de plus en plus vers l’avant de la quatrième à la première; la quatrième est la plus fine et la plus longue; c’est au niveau de l’extrémité des quatrièmes dents que la carapace présente son maximum de largeur.

Le bord postérieur de la carapace, à peine sinueux, a une longueur comprise un peu plus de trois fois dans la largeur de la carapace.

L’article basal des antennes ( Fig. 12B View FIG ) porte une ligne longitudinale de gros granules (sept à huit), encadrée par quelques autres épars.

Les chélipèdes présentent un mérus dont le bord antérieur porte aux tiers, six et huit dixièmes de sa longueur une dent recourbée, de taille fortement croissante de la première à la troisième; l’extrémité de ce bord se termine par un lobe granuleux. Le carpe est armé d’une très forte dent antérointerne; trois petites dents, massives (deux distales, une subdistale) s’observent sur la face externe; les faces supérieure et externe portent de nombreux granules; les quatre dents signalées plus haut se prolongent en arrière par des côtes formées de granules juxtaposés, particulièrement fortes dans le cas des dents de la face externe; les faces interne et inférieure sont lisses.

Les pinces sont assez renflées, à doigts longs (la longueur du doigt mobile est égale à celle de la face supérieure du propode chez le grand chélipède et à 1,4 fois dans le cas du petit). La face supérieure du propode des deux chélipèdes est couverte de gros granules; sur le grand chélipède, cette face présente, le long de son bord interne, deux courtes dents massives et peu aiguës, l’une un peu en deçà de la moitié du bord, l’autre subdistale; en arrière de chacune des dents s’alignent une série de forts granules dont l’un, qui se situe à la base du bord interne, est particulièrement gros; sur le petit chélipède, on observe les mêmes dents, mais le gros granule basal est dentiforme; sur le bord externe des deux chélipèdes, on observe les deux dents mentionnées sur le bord interne mais légèrement décalées vers l’avant. La face externe du propode présente, à l’emplacement du condyle supérieur d’articulation avec le carpe, une dent massive à très courte pointe; on observe, en outre, deux côtes longitudinales, l’une située au tiers basal environ, est formée par une ligne longitudinale de granules contigus; l’autre, qui longe le bord inférieur de la face externe, d’abord granuleuse devient lisse et se prolonge sur le doigt fixe; toute la partie de la face externe située au-dessus de la première côte est granuleuse; celle située entre les deux côtes est lisse à l’exception de sa partie basale qui porte quelques granules. Les faces interne et inférieure du propode sont lisses à l’exception de quelques marques squamiformes légères dans la partie basale de la jonction entre les deux faces, de quelques granules, à mi-hauteur, dans la partie basale de la face interne et de quelques autres granules le long de la partie supérieure de la face interne. Les doigts ont des extrémités pointues qui se croisent. Le doigt fixe porte des dents molariformes; ses faces externe et interne sont creusées de deux sillons qui couvrent toute leur longueur, l’un est médian, l’autre longe la base des dents; sa face inférieure est lisse. Le doigt mobile présente des dents coupantes; sa face supérieure est creusée, sur toute sa longueur, d’un profond sillon longitudinal; sa face externe présente les deux sillons observés sur le doigt fixe avec, en plus, un sillon médian s’étendant sur la moitié basale du doigt; sa face interne présente un très court sillon supérieur, un sillon médian s’étendant sur un peu plus de la moitié basale du doigt et un sillon, peu marqué, au-dessus de la base des dents.

Les cinquièmes péréiopodes ( Fig. 12C View FIG ) ont un mérus relativement grêle (2,75 fois plus long que large) et dont le bord postérieur est armé d’une forte dent subdistale, très aiguë; le bord postérieur du propode est armé de sept forts denticules aigus et allongés; le dactyle est 2,1 fois plus long que large, sa moitié inférieure se prolonge en une courte pointe.

L’abdomen ( Fig. 12D View FIG ) a un sixième segment 1,2 fois plus large que long; ses bords latéraux, subparallèles dans leur tiers basal, deviennent très légèrement sinueux et nettement convergents ensuite. Le telson, en forme de pointe, est à peine plus long que large.

Le premier pléopode mâle ( Fig. 12E View FIG ), à extrémité tronquée, présente six grosses et longues soies subdistales du côté interne et une quinzaine environ du côté externe, réparties sur une longueur environ double de celles du côté interne.

REMARQUES

Cette espèce appartient au groupe admete et par son premier pléopode mâle, au sous-groupe auauensis-margaritimana.

À propos de T. auauensis Rathbun, 1906 ( Fig. 13), il faut tout d’abord remarquer qu’il semble y avoir un problème concernant la description que Rathbun a donnée des pinces de cette espèce. Elle a en effet écrit (1906: 874): « five crest of hand all well-developped and granulous, the space as far down as the fourth crest coarsely granulous, some granulation just above the fifth crest, two spines in first row, three in second, lower surface of hand granulous, also a portion of inner surface ».

Grâce à Rafael Lemaitre, nous avons pu examiner deux mâles identifiés à T. auauensis par Rathbun en 1906 (Hawaiian Islands, Auau Channel, Albatross, stn 3872, 79- 59 m, 1902, USNM

A

29600, 2, 10,5 × 16,9 mm et 13,1 × 21,0 mm), ainsi que d’autres spécimens identifiés à l’espèce de Rathbun par Edmondson (Hawaiian Islands, Oahu, Pokai Bay, 37 m, 29.VII.1959, 1 13,1 × 21,6 mm; 2 9,8 × 16,4 mm et 11,3 × 18,7 mm).

Tous ces spécimens ont des pinces correspondant parfaitement à celles que nous décrivons pour T. difficilis n. sp. et ne présentent donc pas une granulation aussi développée que celle mentionnée par Rathbun. L’ennui est que Rathbun n’indique nulle part la taille du type de son espèce. Tous les spécimens de T. auauensis en provenance des Hawaii que nous avons examinés sont de petite taille; dans la littérature, la plus grande taille qui a été signalée semble être 21 mm de largeur ( Stephenson & Rees 1967) et il ne semble pas que l’espèce atteigne une taille aussi grande que celle du spécimen que nous nommons T. difficilis n. sp.

On attirera également l’attention ici sur le fait que le dessin de la carapace publié par Edmondson (1954: fig. 32a) ne semble pas devoir être bien exact. En effet chez tous les spécimens de T. auauensis mentionnés plus haut et sur la photo du type publiée par Rathbun (1906: pl. 12, fig. 1) la cinquième dent antérolatérale a son extrémité en retrait par rapport à celle de la troisième, ce qui n’est pas le cas sur le dessin d’Edmondson. Sur ce dessin figure un trait joignant la zone frontale au bord externe de la première dent antérolatérale de la carapace dont on voit mal la signification.

Chez les trois mâles des Hawaii que nous avons examinés, le nombre des soies du premier pléopode est compris entre trois et quatre sur le bord interne et quatre et cinq sur le bord externe.

Thalamita difficilis View in CoL n. sp. est proche de T. auauensis Rathbun, 1906 View in CoL . Elle s’en distingue toutefois par:

– sa taille nettement plus grande;

– la surface glabre de sa carapace (au lieu d’être couverte d’une pubescence dense);

– les lobes frontaux plus saillants;

– le maximum de largeur de la carapace se trouvant au niveau de l’extrémité des cinquièmes dents antérolatérales (au lieu des troisièmes);

– le premier pléopode mâle garni de plus de grosses soies (six du côté interne et environ 15 du côté externe, au lieu de trois ou quatre et quatre ou cinq).

Thalamita margaritimana Rathbun, 1911 View in CoL , décrite d’après des spécimens récoltés aux Cargados Carajos par 55 m de profondeur et aux Seychelles par 62 m de profondeur, est proche de T. auauensis View in CoL . Récemment elle a été considérée comme une sous-espèce de T. auauensis View in CoL par Spiridonov (1994: 142) qui, étudiant des spécimens récoltés sur la ride de Rodriguez par 63 m de profondeur et dans le golfe d’Aden, a considéré que les spécimens décrits de l’océan Indien et rattachés à T. auauensis View in CoL étaient différents des T. auauensis View in CoL des Hawaii et des Philippines et devaient être identifiés à T. auauensis margaritimana View in CoL .

Afin de vérifier cette hypothèse, nous avons examiné, grâce à R. C. Preece et R. J. Symonds du Zoological Museum de Cambridge, un mâle étiqueté cotype de T. margaritimana View in CoL (Sealark Expedition 1905, Cargados Carajos, 55 m, 28.VIII.1905, 12,5 × 20,1 mm) ( Figs 14 View FIG ; 15 View FIG ). Ce spécimen se distingue de T. auauensis View in CoL par:

– la première dent antérolatérale de la carapace dirigée un peu plus latéralement et la cinquième un peu plus longue (tout en restant très légèrement en deçà du niveau de l’extrémité de la troisième, contrairement à ce qu’a écrit Rathbun) ( Fig. 14A View FIG );

– les chélipèdes ( Fig. 15 View FIG ) dont les faces interne, supérieure et externe sont entièrement garnies de granules plus marqués et dont la face inférieure présente, sur toute sa surface, des marques squamiformes très nettes (alors que, chez T. auauensis , la face externe est lisse entre les deux carènes inférieures, la face inférieure est entièrement lisse, à l’exception de quelques faibles marques squamiformes dans la région basale du bord interne, et la face interne ne présente que quelques granules dans sa partie médiane basale);

– le sixième segment abdominal proportionnellement plus large (rapport longueur/largeur voisin de 1,5 [ Fig. 14B View FIG ] au lieu de 1,30-1,35 chez T. auauensis [ Fig. 13B]).

Les premiers pléopodes mâles avec cinq soies d’un côté et quatre de l’autre ( Figs 13C, D; 14C, D View FIG ), ces nombres pouvant être intervertis chez une même espèce, semblent par contre très semblables.

Les différences citées nous paraissent suffisamment nettes pour justifier le statut d’espèce donné par Rathbun à ce taxon.

Spiridonov (1994: 142) a mentionné que ses spécimens de la ride de Rodriguez et du golfe d’Aden se caractérisent par des cinquièmes dents antérolatérales de la carapace atteignant le niveau des troisièmes, mais que la comparaison de la granulation des chélipèdes était difficile. Ce n’est pas exact comme on peut le constater avec la photo publiée par Rathbun (1911: pl. 15, fig. 12) et celles que nous publions ( Fig. 15 View FIG ). Il est vraisemblable que les spécimens de Spiridonov sont identiques à ceux que nous avons décrits des Seychelles

A

( Fig. 16 View FIG ) qui, suivant les spécimens, présentent des dernières dents antérolatérales de la carapace qui ne s’étendent que très peu (petit spécimen) ou nettement au delà des troisièmes (plus grands spécimens) et qui ont des chélipèdes peu granuleux. En 1984, nous n’avions pas eu la possibilité d’examiner des spécimens de T. auauensis en provenance des îles Hawaii. Maintenant que nous avons pu le faire, nous pensons, comme Spiridonov, que les spécimens de l’océan Indien rattachés jusqu’à présent à T. auauensis sont à distinguer au niveau de la sous-espèce. Ceci, toutefois, ne doit pas se faire sous l’appelation de margaritimana comme nous venons de le voir et nous proposons de nommer les spécimens de l’océan Indien T. auauensis dytica n. ssp. (latinisation du grec dytike, de l’ouest). Les références se rapportant à cette appellation sont: Thalamita auauensis – Crosnier 1984: 410, fig. 7F [non Thalamita auauensis Rathbun, 1906 ].

Thalamita auauensis margaritimana View in CoL – Spiridonov 1994: 142 [non Rathbun, 1911].

Les types de cette sous-espèce sont les spécimens que nous avons mentionnés dans notre travail de 1984, le mâle (6,4 × 9,8 mm) étant l’holotype et les femelles ovigères des paratypes.

Pour savoir si la référence de Stephenson (1972a: 144) qui mentionne un spécimen de T. auauensis en provenance de Mombasa se rapporte à T. auauensis dytica n. ssp., il faudrait réexaminer ce spécimen. Le fait que sa récolte ait été faite à une profondeur de 1 à 2 m laisse perplexe.

Thalamita auauensis dytica n. ssp. est très proche de T. difficilis n. sp. Mais T. auauensis dytica n. ssp. est manifestement une petite espèce, contrairement à T. difficilis n. sp. Elle est pubescente au lieu d’être glabre, a des lobes frontaux moins saillants et des lobes orbitaires internes proportionnellement moins longs par rapport aux lobes frontaux, la face externe des chélipèdes présente trois carènes longitudinales (alors que la supérieure manque chez T. difficilis n. sp.), enfin le premier pléopode mâle porte nettement moins de soies que chez T. difficilis n. sp.

Kingdom

Animalia

Phylum

Arthropoda

Class

Malacostraca

Order

Decapoda

Family

Portunidae

Genus

Thalamita

Loc

Thalamita difficilis

Crosnier, Alain 2002
2002
Loc

Thalamita auauensis margaritimana

SPIRIDONOV V. A. 1994: 142
1994
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