Rhododendron heterolepis Danet, 2010

Danet, Frédéric, 2010, Rhododendron heterolepis (Ericaceae), une espèce nouvelle de Papouasie, Adansonia (3) 32 (1), pp. 135-139 : 136-139

Rhododendron heterolepis Danet , sp. nov.

( Figs 1 ; 2 )

Rhododendro scabridibracteo Sleumer affinis, sed foliari limbo subtus heterolepidoto, umbellis 4-6-floribus, bracteis modice puberulis, corolla rosa, antheris minoribus, ovario cum lepidibus clare aspectabilibus inter pilos, stylo glabro in dimidio superiore, praecipue differt.

TYPUS. — Indonésie. Province de Papouasie, lieu-dit Kalengawi près de Tiom, au bord du sentier traversant la forêt primaire, 3096 m, 16.XII.2002, fl., Danet 4220 (holo-, LYJB!; iso-, L!).

PARATYPES. — Indonésie. Province de Papouasie. Lieu-dit Duniabur près de Dimba, au bord du sentier traversant la forêt primaire, 2564 m, 10. I.2004, fl., Danet 4277 ( LYJB!) .— Kiroma, forêt secondaire, 2488 m, 18.III.2007, fl., Danet 4551 ( LYJB!) . — Lieu-dit Wekien près de Yogosem, forêt primaire, 2548 m, 25.II.2009, j.fr., Danet 4645 ( E!, LYJB!, MAN!, P!) . — Kiroma, recrû près du village, 2380 m, 28.II.2009, fl., Danet 4668 ( CANB!, MPU!, LYJB!) . — Mont Kububaga, recrû au bord de la piste, 2800 m, 7.III.2009, fl., Danet 4674 ( LYJB!) .

DESCRIPTION

Arbuste terrestre ou épiphyte, dressé, atteignant 6 m de hauteur; ramilles 1-17 × c. 0,3 cm, densément lépidotes, tardivement glabrescentes.Feuillage étagé. Feuilles étalées à dressées, par 4-8 en pseudoverticilles au sommet des 2-5 dernières unités sympodiales. Pétiole aplati et canaliculé dessus, arrondi dessous, long de (0,6-) 1,1-2,6 cm, densément lépidote, tardivement glabrescent.Limbe obovale ou elliptique, (1,9-)4,2-12,1 × (0,9-) 2,6-5,9 cm, coriace; base très brièvement atténuée, aiguë ou obtuse, parfois obliquement; marge entière, plane ou récurvée; sommet obtus, apiculé ou cuspidé; face supérieure vert foncé, mate, d’abord densément lépidote (écailles étoilées), tôt glabrescente; face inférieure vert clair jaunâtre, initialement densément lépidote (écailles rousses, très inégales, la plupart de deux types très différents, les autres plus ou moins intermédiaires entre ces deux types: sur la nervure médiane et la partie proximale des nervures secondaires, les écailles sont presque toutes étoilées, de 0,3-0,6 mm de diamètre, très largement ailées, à centre très petit, stipité, alors que sur le reste du limbe, les écailles sont pour la plupart orbiculaires, de 0,1- 0,2 mm de diamètre, étroitement ailées, à centre petit, sessile, imprimé), tardivement glabrescente; nervure médiane immergée et canaliculée dessus, très proéminente dessous; nervures secondaires (6-10 paires), nervures intersecondaires, nervures tertiaires et réticulation imprimées dessus, saillantes dessous.

Inflorescences terminales, en ombelles 4-6-flores. Boutons inflorescentiels ellipsoïdes, à bractées apprimées. Bractées externes étroitement triangulaires à elliptiques; sommet caudé à cuspidé; face externe à écailles et pubérulence antrorse confinées à la partie médiane; marge irrégulièrement lépidofimbriée; face interne à pubérulence antrorse confinée au sommet ou nulle. Bractées internes obovales à spatulées, jusqu’à 2,4 cm de longueur, échancrées au sommet (se fendant parfois plus profondément à l’éclosion), portant le même indument que les bractées externes. Fleurs pendantes, inodores, zygomorphes.Bractéoles linéaires à linéaires-spatulées, c. 2,3 cm de longueur, lépidofimbriées au sommet, à pubérulence antrorse sur les deux faces. Pédicelle 1,2-2,1 × c. 0,2 cm, éparsement à très densément lépidote, à pubescence éparse à nulle. Calice généralement obliquement discoïde et c. 5 mm de diamètre, subentier, parfois 1-2-lobé, très densément lépidote sauf sur les lobes, à pubescence éparse à nulle; lobes étroitement triangulaires, longs de 1-4 mm. Corolle rose pâle à rose-magenta, tubulée-infundibuliforme, longue de 4,9-6,3 cm; base à section transversale circulairepentagonale à 5-sillonnée; tube légèrement récurvé, un peu comprimé latéralement, de 3,1-3,6 cm de longueur, de 0,6-0,8 cm de diamètre à la base, régulièrement élargi jusqu’à 1,2-1,5 cm de diamètre à la gorge, éparsement lépidote à l’extérieur, densément pubescent à l’intérieur; gorge oblique de 5-7 mm; lobes 5, étalés-dressés à récurvés, largement à très largement obovales, suborbiculaires ou transversalement largement elliptiques, 1,3-1,8 × 1,3-1,6 cm, arrondis ou rétus au sommet, éparsement lépidotes à l’extérieur sauf au sommet, glabres à l’intérieur. Étamines 10, subégales, exsertes de 1,2-2,2 cm hors du tube; filets roses, relativement fins, densément pubescents dans le tiers inférieur, peu à peu dégarnis puis glabres au sommet; anthères regroupées dans la partie ventrale de la corolle, violettes ou brun clair, oblongues dans leur pourtour, c. 3 × 1,5 × 1 mm; loges arrondies à la base; pores antrorses-introrses. Disque 10-lobé, glabre hormis le sommet qui est très densément pubescent. Ovaire étroitement ellipsoïde-ovoïde, c. 9 × 3,5 mm, atténué vers le style, très densément lépidote et densément pubescent; style affleurant la gorge ou exsert jusqu’à 1,4 cm hors du tube, densément lépidote et densément pubescent à la base, graduellement dégarni puis glabre dans la moitié supérieure; stigmate situé dans la partie ventrale de la corolle, 5-lobé.

Capsule immature étroitement ellipsoïde-cylindrique, jusqu’à 4,2 × 0,6 cm, 5-sillonnée, densément lépidote et densément pubescente.

DISTRIBUTION

Rhododendron heterolepis est endémique des montagnes qui dominent la vallée de la Baliem, en Nouvelle-Guinée. Il est particulièrement abondant dans ses stations des monts Elit et Yonowe.

ÉCOLOGIE ET PHÉNOLOGIE

Rhododendron heterolepis est terrestre ou épiphyte au sein de la forêt primaire à Nothofagus entre 2500 et 3100 m d’altitude et colonise les habitats perturbés où il descend jusqu’à 2300 m d’altitude. Aucun pollinisateur n’a été observé mais les caractères floraux suggèrent un mode de pollinisation ornithogame ( Stevens 1976, 1985). La floraison a été observée de décembre à mars.

AFFINITÉS AVEC LES AUTRES TAXONS

Par la présence d’écailles étoilées et très largement ailées à la face inférieure du limbe foliaire, R. heterolepis se place dans la sous-section Euvireya où il se rapproche de R. scabridibracteum par de nombreux caractères. Il s’en distingue par l’indument d’écailles hétérogène et inégalement réparti à la face inférieure du limbe foliaire, les bractées plus petites et faiblement indumentées, les ombelles pauciflores, la corolle de couleur différente, les anthères plus petites, l’ovaire garni d’écailles bien visibles entre les poils simples, et le style partiellement indumenté.

Chez R. scabridibracteum , les écailles de la face inférieure du limbe foliaire sont toutes lobées à subétoilées, largement ailées, sessiles, imprimées et régulièrement réparties, les bractées internes mesurent 3-6 cm de longueur et sont densément strigueuses sur les deux faces, les ombelles comportent 6-12 fleurs, la corolle est rouge pâle à rouge foncé, les anthères sont longues d’environ 5 mm, l’ovaire est très densément revêtu de poils simples qui masquent les écailles, le style est garni de poils jusqu’au sommet.

Figures

FIG. 1. — Rhododendron heterolepis Danet, sp. nov.: A, rameau florifère; B, détail de l’indument à la face inférieure du limbe foliaire avec sur la gauche une partie de la nervure médiane; C, bractées externes à bractées internes, de droite à gauche; D, fleur, coupe longitudinale; E, anthères, vues ventrale et dorsale; F, gynécée. Danet 4668. Échelles: A, C, D, F, 1 cm; B, E, 1 mm.

FIG. 2. — Rhododendron heterolepis Danet,sp. nov.: A, aspect général; B, détail de la face inférieure du limbe foliaire montrant que la nervure médiane et la partie proximale des nervures secondaires sont revêtues de grandes écailles étoilées et stipitées,alors que le reste du limbe est garni essentiellement de petites écailles orbiculaires et sessiles. A, Danet 4220; B, Danet 4668. Photos Frédéric Danet.