Aloe deltoideodonta

Castillon, Jean-Philippe, 2014, Nouvelles remarques sur l’identité de l’Aloe deltoideodonta Baker (Xanthorrhoeaceae) et nouveau nom, Aloe horombensis nom. nov., pour les Aloe L. affiliés du sud-Betsileo, Adansonia (3) 36 (2), pp. 221-235 : 224-226

publication ID

https://doi.org/ 10.5252/a2014n2a5

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/03D7B17C-4317-FF84-FD26-0BB19EF058E6

treatment provided by

Carolina

scientific name

Aloe deltoideodonta
status

 

A. deltoideodonta View in CoL . Ils transforment A. ruffingiana Rauh & Pétignat en variété de A. deltoideodonta et mettent en synonymie la sous-espèce esomonyensis de Rebmann.

LA LOCALITÉ D’ORIGINE DU TYPE

Reynolds disait que Baron a vécu à Fianarantsoa cela est vrai, mais uniquement de 1878 à 1880. En 1880 il s’est installé à Tananarive ( Ranaivo 1979), et les échantillons de A. deltoideodonta datent de 1881. Les échantillons ont donc toutes les chances de provenir de la région de Tananarive (contrairement à ce que laissait penser Reynolds). Tous les échantillons de Baron reçus à Kew en juillet 1880 portent la mention « Chiefly in Betsileo Land » (dernier numéro de récolte: environ 300); ceux reçus en février 1881 portent la mention « Central Madagascar, Tanala forest » et ont encore sans doute été collectés du temps de la résidence de Baron à Fianarantsoa (L’ethnie Tanala vit dans les forêts à l’est de Fianarantsoa, derniers numéros vers 350), par contre ceux reçus à partir d’octobre 1881 (premier numéro environ 380) portent la mention « Central Madagascar ». Ces dates coïncident (en tenant compte des délais d’acheminement des échantillons) avec le départ de Baron pour Tananarive en 1880. Ce changement de dénomination dans les lieux de récolte prouve sans conteste que l’indication « Central Madagascar » de Baron correspond à l’Imerina, et non au Betsileo.

Les numéros des échantillons de A. deltoideodonta (752 et 946) et leurs indications de provenance « Central Madagascar » prouvent que cette plante fait partie des récoltes réalisées par Baron lorsqu’il habitait à Tananarive. De plus, les autres échantillons d’ Aloe de Baron datant de la même période, qui ont des numéros proches et des étiquettes meilleures, sont indiscutablement originaires de Tananarive et de ses environs: A. macroclada Baker : N° 1178, janvier 1882, massif de l’Angavo (quelques dizaines de kms à l’est de Tananarive). A. capitata Baker n°897 et n°1353, mont Andringitra (20 km au nord de Tananarive). A. oligophylla Baker n°1207, Est de l’Imerina (NB: ces trois localités plus précises proviennent des descriptions originales de Baker [1884] et du Compendium de Baron [1906]).

Dans le Compendium de Baron, A. deltoideodonta est donné comme de provenance Imerina et Betsileo. Or les Aloe à inflorescences acuminées correspondant aux numéros 752 et 946 de Baron existent: autour de Tananarive ( A. madecassa ), autour d’Antsirabe-Ambositra ( A. manandonae J.-B. & J.-P. Castillon, A. mandotoensis J.-B. Castillon) et autour de Betroka ( A. deltoideodonta var. brevifolia ), sur le plateau de l’Horombe, en pays Bara, dans une région considérée par Baron comme en dehors de « Central Madagascar ») (Voir la carte de Baron dans son article sur la flore malgache [ Baron 1890a] [ Fig. 1C View FIG ]). Il se peut donc que le type provienne de l’Imerina ou du Betsileo, mais certainement pas de l’Horombe ou de l’Androy! Nous verrons ci-dessous qu’une comparaison de A. deltoideodonta avec les plantes affines originaires du Betsileo prouve de manière évidente que le type ne peut provenir que de l’Imerina. Enfin, le nom vernaculaire qu’il donne de cette plante « vahombato » est le nom générique des Aloe à Madagascar (littéralement Aloe des pierres, en opposition à « vahonala », Aloe des forêts, pour les Lomatophyllum ) et est utilisé dans toute l’île, et pas seulement en dialecte Betsileo, pour désigner les Aloe poussant dans des zones rocheuses. Pourquoi Baron a-t-il alors donné à son Aloe deltoideodonta une double provenance Imerina et Betsileo, s’il ne provient que de l’Imerina? La réponse à cette question se trouve dans le document « Ten Years’ Review of Mission Work in Madagascar. 1880-1890 » publié par Baron (1890b) pour la London Missionary Society: la région dénommée Betsileo par Baron y était bien plus grande que celle de même nom considérée de nos jours et allait jusqu’au sud de l’Ankaratra ( Fig. 1D View FIG ), incluant le massif du Vavavato (où j’ai trouvé une forme de l’ Aloe madecassa – massif exploré par Baron qui en parle souvent dans ses articles géologiques), ainsi que le Vakinankaratra (Antsirabe) et l’Ibity.

Ultime argument s’il en était besoin, si Baron avait herborisé dans le Betsileo (j’entends ici le Betsileo actuel, d’Ambositra à Ambalavao), comment aurait-il pu ne pas collecter A. conifera H. Perrier qui est présent sur toutes les collines autour d’Ambositra s’il avait recherché des plantes autour de Fianarantsoa, comment aurait-il pu ne pas voir A. capitata Baker qui y est si fréquent, et s’il avait collecté des plantes au sud de Fianarantsoa, comment aurait-il pu passer à côté de A. acutissima H. Perrier qui est l’ Aloe le plus abondant du sud-Betsileo? Ma réponse à ces questions: sur les 2000 échantillons, ou presque, de Baron déposés à Kew et visibles sur leur site, moins d’une centaine est datée d’avant février 1881: Baron a donc commencé ses recherches lors de sa résidence à Fianarantsoa, mais a fait l’essentiel de ses récoltes quand il était à Tananarive, et donc dans l’Imerina.

La localité d’origine de A. deltoideodonta est donc l’Imerina.

ÉTUDE MORPHOLOGIQUE

DESCRIPTION DU TYPE

Plante acaule; feuilles arrondies-acuminées 3 × 8-10 cm; marge cartilagineuse continue, armée de dents de 2 mm; inflorescences longues, ramifiées et acuminées. Le type ne comprenant que des feuilles – et pas de plante complète – n’indique en aucune façon que la plante puisse rejeter. Cette idée, basée sur l’échantillon n°5781 de Baron, et qui excluait la possibilité de synonymie avec A. madecassa , est fausse. Cet échantillon sera discuté plus en détails à la fin de l’article.

COMPARAISON DU TYPE

AVEC LES CANDIDATS POSSIBLES

Parmi tous les Aloe connus de l’Imerina (au sens large), je n’en retiens que trois pouvant correspondre à la description de Baker et aux échantillons types de Baron: A. madecassa et A. manandonae J.-B. Castillon & J.-P. Castillon, pour leur appartenance au groupe de l’ Aloe deltoideodonta et A. mandotoensis J.-B. Castillon à cause de ses inflorescences. J’y rajoute A. deltoideodonta var. brevifolia H. Perrier pour sa ressemblance avec les échantillons de Baron, malgré une origine géographique très éloignée.

Comparaison avec A. madecassa : la seule différence est la taille des plantes, la plante de Perrier étant plus grande que celle de Baker ( Fig. 2B View FIG ), mais A. madecassa est variable et il y a identité parfaite entre A. deltoideodonta et les petites formes de A. madecassa trouvées sur la route d’Arivonimamo (par Bosser et Lavranos) ou vers Antongona ( Fig. 2A View FIG ).

Comparaison avec A. manandonae : les fines linéoles et les petites épines de A. manandonae le distinguent immédiatement des échantillons 752 et 946. Cependant ses inflorescences très similaires font de A. manandonae l’espèce la plus proche de A. deltoideodonta .

Comparaison avec A. mandotoensis : cette dernière est une plante bien plus grande (feuilles atteignant 40 cm), et présente souvent de longues tiges.

Comparaison avec A. deltoideodonta var. brevifolia: Cette plante se rapproche effectivement de A. deltoideodonta . Perrier (1926) note cependant: « Diffère de la var. typica par ses feuilles beaucoup plus larges, presque arrondies (au moins 50 mm). Dans la même localité, j’ai trouvé une autre forme (n° 13496) à feuilles encore plus larges (7 cm et plus), à limbe parsemé de petites macules blanches ( Fig. 3A View FIG ) ». J’ai pu effectivement constater ces différences in situ, et j’ajouterais – comme autres différences essentielles – des inflorescences moins acuminées et des grandes bractées blanches scarieuses chez la variété brevifolia ( Fig. 3B View FIG ), alors qu’elles sont plus charnues, colorées, allongées et engainantes dans la var. deltoideodonta . Ceci dit, le critère de localité de Baron (Imerina et Betsileo) écarte cette plante de la région de l’Horombe de la liste des candidats.

En conclusion, A. deltoideodonta Baker est en fait la plante actuellement connue sous le nom de A. madecassa H. Perrier.

SYNONYMIE, COMBINAISONS

ET NOMS NOUVEAUX

LECTOTYPIFICATION DE A. DELTOIDEODONTA

ET SYNONYMIE DE A. MADECASSA

La description initiale de Baker est basée sur deux syntypes, tout-à-fait identiques, et collés sur la même feuille d’herbier: les échantillons 752 et 946 de Baron. Je choisirai ci-dessous ce dernier comme lectotype de l’ Aloe deltoideodonta .

Il ressort de ce qui a été dit plus haut que l’ Aloe madecassa de Perrier n’est autre que l’ Aloe deltoideodonta de Baker. La variété lutea de Guillaumin est la même plante mais avec des fleurs jaunes. Aucune population n’en a été observée; J. Bosser collecte la plante et en donne la localisation exacte (J. Bosser n°15589, TAN, mai 1962, PK 40, route d’Arivonimamo) mais une visite in situ ne m’a permis de trouver qu’une population de plantes à fleurs roses. Il ne s’agit donc que d’une variation sporadique dans la coloration des fleurs, comme l’on peut en observer aussi chez d’autres espèces d’ Aloe ( A. vaombe Decorse & Poisson en particulier). Le statut de variété ne me semble donc pas souhaitable. J’obtiens alors les synonymies suivantes:

DU

Duke University Vertebrate Collection

Kingdom

Plantae

Phylum

Tracheophyta

Class

Liliopsida

Order

Asparagales

Family

Asphodelaceae

Genus

Aloe

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