Aloe divaricata

Castillon, Jean-Philippe, 2012, Révision du groupe de l’Aloe divaricata Berger; correction d’une synonymie, combinaisons nouvelles et description d’un nouvel hybride, Adansonia (3) 34 (1), pp. 13-21 : 14-17

publication ID

https://doi.org/ 10.5252/a2012n1a2

persistent identifier

https://treatment.plazi.org/id/0D048792-DA43-FFA1-43C3-FD65EA0BFE36

treatment provided by

Carolina

scientific name

Aloe divaricata
status

 

L’ Aloe divaricata View in CoL a été décrit par Berger (1905) à partir de l’échantillon type venant de Beravi: Hildebrandt 3047, juillet 1879, ( P) .

Si l’on excepte la forme rabougrie d’ A. divaricata

que l’on trouve près du village de Saint-Augustin (Anantsogno, près de Tuléar) baptisée A. tulearensis par Lavranos et al. ( McCoy & Lavranos 2007), et la forme des environs de Fort-Dauphin décrite ci-après sous le nom A. anosyana (ces deux formes sont très localisées et indiscutablement différentes d’ A. divaricata tel que décrit par Berger), il existe deux autres plantes du groupe d’ A. divaricata qui toutes deux pourraient a priori correspondre à l’échantillon de Hildebrandt et à la description de Berger:

– la plante des régions Androy et Mahafaly et des forêts côtières de Tuléar à Morondava, actuellement connue sous le nom d’ A. divaricata ;

– la plante que l’on trouve à Majunga, Ankirihitra (mont Tsitondroina) et Port-Bergé, actuellement dénommée A. deinacantha .

Pour décider laquelle de ces deux plantes correspond à A. divaricata , nous allons nous pencher sur la description initiale et l’échantillon type de Hildebrandt.

CRITÈRE GÉOGRAPHIQUE

La localité Beravi n’existe plus sur les cartes de Madagascar mais on peut la retrouver en suivant les déplacements de Hildebrandt dans la grande île et en s’intéressant aux bases de données et aux articles anciens:

les échantillons d’herbier répertoriés à Paris et Kew ( K) donnent une idée assez précise du cheminement de Hildebrandt: en mai 1879, il est à Nosy-Be; en juin 1879, il est à Ampasindava, Majunga, puis à la baie de Baly; en juillet 1879, il est à Beravi; en septembre de la même année, il est de retour à Nosy-Be ;

– la liste des localités malgaches « gazetteer » du Missouri Tropical Garden identifie le village de Beravi à celui d’Onaramaty: 17°06’S, 44°09’E;

enfin, une indication de Van Tieghem (1907: 347): « Hildebrandt, n° 3053, Beravi, 17°20’S, dunes de sable, juillet 1879.»

Le village de Beravi semble donc se situer entre les villes Tamborohano et Besalampy qui se trouvent sur la côte ouest malgache, et est bien plus proche de Majunga et Port-Bergé (respectivement 280 et 380 km) que de Tuléar et Ihosy (respectivement 720 et 620 km).

CRITÈRES MORPHOLOGIQUES

La description par Berger de l’ Aloe divaricata d’après l’échantillon de Hildebrandt est assez succincte mais elle donne des renseignements importants sur la plante en question: «folia 50 cm longa […] 3 cm lata; inflorescentia paniculata, ramis lateralibus 5 […] racemis laxis 10-14 cm longis» ( Berger 1905). Cette description ne correspond pas à l’ Aloe venant de l’Androy et de la région de Tuléar, connu par tout le monde sous le nom A. divaricata mais correspond bien par contre à la plante de Port- Bergé connue sous le nom d’ A. deinacantha . Leurs caractéristiques, résumées dans le Tableau 1, sont visibles sur les échantillons d’herbier du Muséum de Paris (http://coldb.mnhn.fr/) et correspondent à mes propres observations sur le terrain.

Malgré des observations et données manquantes, il semble clair que les plantes 1, 2 et 3 sont identiques, et différentes des plantes 4.

DISCUSSION

McCoy et al. ont décrit en février 2008 Aloe deinacantha ( McCoy, Rakouth & Lavranos 2008) à partir de plantes en provenance de la région de Port-Bergé ( Fig. 2A View FIG ); des plantes identiques se retrouvent dans les forêts côtières sablonneuses autour de Majunga ( Fig. 2B View FIG ) et au mont Tsitondroina près d’Ankirihitra (18°44’S, 46°24’E) soit 250 km à l’est-nord-est de Beravi. Les principales différences entre l’ Aloe deinacantha et l’ Aloe de l’Androy sont les suivantes: plante de plus petite taille (pas plus de 2 m contre 4-5 m); tige bien plus grêle (2 cm de diamètre contre 6-8 cm); des feuilles plus claires, moins épaisses, moins larges, des épines blanchâtres et surtout, des inflorescences bien moins ramifiées; on peut noter encore: des fleurs plus espacées, des racèmes plus allongés, des fruits plus gros. Tous ces caractères correspondent à la description initiale de Berger.

Tous les naturalistes qui se sont intéressés aux Aloe malgaches n’ont pas remarqué ces différences; en voici deux preuves: d’abord Berger lui-même qui, probablement sur des indications qui lui ont été fournies, signale la possible présence d’ A. divaricata sur les collines bordant l’Onilahy («fortasse haec est A. leptocaulon Bojer »), près de Tuléar; ensuite les nombreuses récoltes faites par de grands botanistes comme Perrier ( Perrier de la Bâthie 1938), Humbert, Reynolds ou Bosser, étiquetées A. divaricata et dont la provenance va de l’Androy jusqu’à Morondava et au massif du Bemaraha.

Tout le mérite d’avoir vu les différences entre la plante de l’Androy et celle de Port-Bergé est à mettre au compte de Lavranos, McCoy & Rakouth, qui malheureusement, faute de n’avoir pris en considération le type de Hildebrandt, n’ont pas fait le rapprochement entre leur Aloe deinacantha et le véritable Aloe divaricata .

Il s’ensuit qu’ A. deinacantha devient synonyme d’ A. divaricata et la plante des plateaux Androy et Mahafaly est une plante qui, de ce fait, doit hériter d’un autre nom. Cette plante a déjà été décrite ( Poisson 1912: 96) sous le nom A. vaotsohy Decorse & Poisson et doit donc désormais être appelée ainsi.

COMBINAISONS NOUVELLES

ALOE DIVARICATA SUBSP. VAOTSOHY COMB. NOV., STAT. NOV.

Cependant, les différences entre l’ Aloe divaricata et les plantes de l’Androy dénommées actuellement A. vaotsohy , bien que réelles et indiscutables, ne me paraissent pas suffisantes pour que l’on puisse parler d’espèces différentes: il ne s’agit que de couleur de feuilles, de taille de plantes, de nombre de ramifications, de densité de racèmes, tous caractères variables et d’importance relative. De plus il est impossible de délimiter précisément où s’arrête géographiquement le vrai A. divaricata et où commence la forme de l’Androy: A. divari- cata est présent sur une grande surface, en partie côtière et plus ou moins triangulaire, qui va de Tambohorano au sud-ouest jusqu’aux environs de Maevatanana au centre et Port-Bergé au nord tandis que la forme de l’Androy se retrouve aussi autour de Ihosy et dans les forêts côtières au nord de Tuléar, jusqu’à Belo-sur-Mer, et même jusqu’aux Tsingy du Bemaraha, près de Bekopaka ( Fig. 3 View FIG ). Les limites extrêmes de ces deux aires de répartition ne sont jamais distantes que d’à peine 250 km, et il est probable que des recherches entre Tambohorano et Bekopaka permettraient de trouver d’autres populations de l’une ou l’autre de ces plantes, ou des formes intermédiaires. Le statut de sous-espèce me semble donc tout indiqué pour la plante du sud, d’autant qu’il permet de conserver un nom connu de tous les amateurs de succulentes.

P

Museum National d' Histoire Naturelle, Paris (MNHN) - Vascular Plants

K

Royal Botanic Gardens

Kingdom

Plantae

Phylum

Tracheophyta

Class

Liliopsida

Order

Asparagales

Family

Asphodelaceae

Genus

Aloe

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