Sadaka dimidiata ( Karsch, 1893 )

Boulard, Michel, 1985, Cigales Africaines Nouvelles ou Mal Connues de la Famille des Cicadidae (Homoptera, Cicadoidea), Annales de la Société entomologique de France (N. S.) 21 (2), pp. 175-188 : 175-176

1. Sadaka dimidiata ( Karsch, 1893)

Depuis sa description, cette Cigale, originaire du Cameroun, n’avait plus été signalée autrement qu’en compilation pour catalogues. Distant (1906) lui-même ne l’a jamais vue et il émit quelque réserve quant à la place pouvant être attribuée, dans son genre Sadaka (1904), à cette espèce dimidiata primitivement classée Platypleura par Karsch (1893); celle-ci n’ était connue que par l’holotype mâle, conservé au Musée de Berlin.

Notre collègue et ami Philippe Bruneau de Miré, au cours de l’une des nombreuses missions entomo-agronomiques qu’il eut à faire dans cette importante Région faunistique de l’ Afrique intertropicale, a eu la chance de récolter quatre exemplaires de dimidiata qu’il a bien voulu me confier pour les Collections nationales.

Il s’ agit d’une magnifique Platypleurine vert doré, aux homélytres ambrés, qui entre sans conteste dans le genre Sadaka : par l'allure générale, la forme de la tête, celles du prothorax et des fémurs antérieurs, l’ étroitesse des ailes postérieures et les six aréoles terminales que présentent celles-ci, ainsi que par la conformation des pièces génitales. Sadaka dimidiata est à rapprocher de S. radiata ( Karsch, 1890) , dont elle diffère au premier abord par sa taille plus grande et par ses ailes antérieures moins densément colorées. Il convient maintenant de donner des précisions morpho-anatomiques sur le mâle et de décrire la femelle restée inconnue jusqu’ici.

a) Mâle ( fig. 36 )

Pour compléter les informations données par Karsch: fémurs antérieurs aux dents sous- carénales singulièrement atrophiées, noirâtres et avec la face dorsale plate limitée vers l’extérieur par un repli irrégulier, bistre ( fig. 1 ); opercule en demi-lune, légèrement échancré sur son bord supéro-interne ( fig. 2 ).

Genitalia: pygophore allongé, terminé par un processus caudal prononcé; bistre, remplacé par de l'ocre sur le tiers postérieur. Phallicophore (1) entièrement ocre; lobes postérieurs individuellement bien distincts, mais soudés en un uncus s’allongeant au-dessus de l’édéage tout en maintenant ce dernier pincé entre les expansions foliacées inférieures ( fig. 3 et 4 ). Plaque anté- génitale et hypandrium noirs.

b) Néallotype femelle

Légèrement plus grande que le mâle, l’avant-corps vert et brun, moucheté de bistre ou de noir ( fig. 37 ).

Tête moins large, yeux compris, que le mésonotum; vertex bombé amenant l’ocelle médian en position subfrontale; triangle ocellaire très petit, la distance séparant les ocelles latéraux entre eux trois fois moindre que celle existant entre chacun d’eux et l’oeil correspondant. Arcades antennaires quelque peu proéminentes sur le vertex, courtes et ourlées de noir; scapes et pédicelles épais, bistre; basifouet court et assez renflé; le reste, quatre articles, filiforme, 1’ultime blanchâtre et à peine claviforme. Face clypéale verte et bombée, le sillon médian normalement profond, mais aux bords irréguliers; lames buccales vertes liserées de noir; antéclypéus noir seulement à l’apex; trompe jaune, puis brunâtre, fort longue: son extrémité arrivant au niveau du cinquième sternite. Pronotum et mésonotum comme chez le mâle, avec des touffettes antérieures et des franges latérales de poils dorés. Costa des homélytres légèrement élargie et fortement arquée à la base. Abdomen fondamentalement brun, de larges fascies noires sur les latérotergites I et II, les autres comme annelés de noir à l’avant. Fémurs antérieurs comme sur la figure 1 .

Genitalia (d’après dissection d’un néoparatype): Copulaporus et oviporus séparés par un repli du huitième sternite prolongeant l’individualisation fonctionnelle entre la voie de ponte et celle d'accouplement; carrefour génital et conduit de la poche dorso-vaginale à cuticule épaisse et frisottée ( fig. 5 ). Ovivalvula festonnée comme sur la figure 6 ; une étroite dépression médio- longitudinale; les taches bistre bordées de jaune vers l’extérieur.

Matériel examiné: 1 mâle, pouvant être considéré comme homotype , néallotype femelle et 2 néoparatypes femelles: Cameroun, forêt de Bafut, près Nguemba , 23 -X- 1975, Ph. Bruneau de Miré réc. et lég. Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.

Figures

Fig. 36 et 37, Sadaka dimidiata (Karsch): mâle homotype, femelle néallotype du Muséum de Paris; Fig. 38 et 39, Sadaka morini, n. sp.: 38, holotype mâle; 39, mise en évidence d’un cas téralogique rare; l’absence d’ocelle médian; Fig. 40, Sadaka sagittfera, n. sp.: holotype femelle; Fig. 41, Afzeliada grilloti, n. sp.: holotype mâle; Fig. 42, Oxypleura lenihani, n. sp.: holotype mâle; Fig. 43, Oxypleura pointeli, n. sp.: holotype mâle; Fig. 44, Canualna liberiana (Distant): mâle homotype du Muséum de Paris. G. X 1,5.

Fig. 1 à 6. Sadaka dimidiata (Karsch): Mâle: 1, fémur antérieur gauche; 2, opercule gauche; 3, phallicophore en vue postérieure; 4, segments génitaux vus de profil; Femelle: 5, voies génitales ectodermiques vues de profil; 6. ovivalvula. (Échelles en millimètres).

Sadaka dimidiata ( Karsch, 1893 )