Coelospermum nomac Mouly & Fleurot
publication ID |
https://doi.org/ 10.5252/adansonia2021v43a25 |
DOI |
https://doi.org/10.5281/zenodo.5796051 |
persistent identifier |
https://treatment.plazi.org/id/567187F0-FFC9-5060-FCAE-5C15F153FCDE |
treatment provided by |
Carolina |
scientific name |
Coelospermum nomac Mouly & Fleurot |
status |
sp. nov. |
1. Coelospermum nomac Mouly & Fleurot , sp. nov.
( Fig. 2 View FIG )
Coelospermum nomac sp. nov. differs from any other species of the genus in New Caledonia by its inner corolla walls densely covered by moniliform hairs (vs glabrous) and its fruits being partially to completely fused into syncarps (vs not fused) and from any species of the genus by its pinkish corolla outside (vs whitish to yellowish).
TYPE. — Nouvelle-Calédonie. Province Nord, Poum, route du Boat Pass , 20 m, fl., fr., 25.XI.2008, Barrabé 759 (holo-, P [ P05031858 ] ; iso-, NOU[NOU033830, NOU033831, NOU054861], P[P05031859]) .
PARATYPES. — Nouvelle-Calédonie. Province Nord, Poum, Nomatch , 9 m, fr., 14.II.2020, Fleurot 662 (NOU[NOU090631, NOU106903], P); Poum, Nomatch, 11 m, bts, fr., 30.X.2020, Fleurot & Dayé 792 (NOU[NOU091001], P); Poum, Nomatch, 11 m, bts, fl., fr., 12.XI.2020, Fleurot 794 (NOU[NOU091002, NOU091003], P); Poum, Plateau Nord, 334 m, bts, fr., 6.V.2021, Lannuzel 460 (NOU[NOU107753]); Koumac, Chagrin, 300 m, fl., 8.I.1983, MacKee 41147 (NOU[NOU020645], P[P06589755, P06589756]); Koumac, Tiébaghi, rebord Sud-Ouest, vers 450m, fl., fr., 18.III.1997, Veillon 7940 (NOU [NOU020646, NOU020647], P [P06589757, P06589758]) .
ÉTYMOLOGIE. — L’épithète spécifique, nom propre indéclinable en apposition ( Turland et al. 2018: articles 23.1 et 23.2 du code) fait référence au nom du cours d’eau qui traverse et donne son nom à la région avoisinante, la rivière Nomac Yégaawac (langue Nyelâyu), sur la zone dite Nomatch (nom usuel en français). Le Grand chef, Jean-Paul Tidjine, du district coutumier des Nénémas de l’Aire coutumière Hoot Ma Whaap sur la commune de Poum a donné son approbation pour que ce nouveau Coelospermum soit dénommé « nomac ».
PHÉNOLOGIE. — Les individus fleurissent d’octobre à janvier et fructifient du mois de novembre à avril.
HABITAT ET DISTRIBUTION. — Coelospermum nomac sp. nov. est une espèce de maquis, formations arbustives rivulaires ou bords de route, sur terrain ultrabasique, dont cuirasse érodée en talweg, alluvions anciennes à schistes siliceux, à altitude de 9- 450 m. Elle est endémique de Nouvelle-Calédonie et est restreinte sur la Grande-Terre à trois secteurs très restreints ( Fig. 3 View FIG ). La première population connue est située en altitudes moyennes, de 300 à 450 m, sur le dôme de Tiébaghi, depuis le flanc Est au-dessus de Chagrin, jusqu’au sommet Sud-Ouest du plateau, c’est-à-dire sur les bassins versants de la Fridoline et de la Tamatave côté plateau. La seconde population est très isolée, sur la commune de Poum, dans la zone dite Nomatch, le long de la Nomac Yégaawac et ses affluents, de 9 à 20 m d’altitude. La seule plante fertile trouvée en mai 2021 se situe sur le plateau nord de la montagne de Poum vers 334 m d’altitude sur sol ultrabasique. Malgré une présence sur des terrains et milieux variés, soit en forêt sèche alluvionnaire, à dominante de niaoulis ( Melaleuca quinquenervia ), dont les alluvions sont à tendance siliceuse, soit en maquis sur cuirasse dégradée ultrabasique, l’espèce est un exemple de micro-endémisme.
STATUT DE CONSERVATION. — Catégorie proposée sur la liste Rouge de l’IUCN. En effet, la plante n’est connue que de trois localités, Tiébaghi, Montagne de Poum et Nomatch. L’une est sur exploitation minière en cours, pour laquelle aucun individu vivant n’a été revu depuis 1997, en raison soit de la destruction de l’habitat par le feu, soit de la disparition/fragmentation de la végétation par l’exploitation minière. Elle est pour le moment considérée comme éteinte. La seconde est une micro-localité sur la pointe Nord de la Grande Terre, dans une végétation de moins de 1 km 2 de type forêt sèche dégradée, à dominante de niaoulis ( Melaleuca quinquenervia ), soumise à un régime de feu régulier. La station de récolte Barrabé 759, à Nomatch, a totalement disparu à la suite d’un incendie majeur en 2017. La troisième localité se situant sur le plateau Nord de la montagne de Poum est sur l’emprise d’une mine en voie future d’exploitation de minerai de nickel et n’accueillant qu’un seul individu observé et échantillonné. Le faible nombre de récoltes disponibles ainsi que les efforts de prospections, restés vains, de 2019 et 2020 sur Tiébaghi par le second auteur, montre clairement que cette liane est extrêmement rare et très menacée. Malgré une tentative de mise en culture ex-situ avec un moindre taux de germination ne s’élevant qu’à 10 % en début 2021, la faible distribution initiale, la destruction de l’habitat en zone d’exploitation minière et la présence de deux uniques populations relictuelles à peu d’individus fertiles, en l’état actuel des connaissances, nous contraignent à suggérer, avec un niveau de menace très élevé, la catégorie CR «en danger critique d’extinction ».
POSITION SYSTÉMATIQUE
Les échantillons anciens avaient été vus par le botaniste suédois J.T. Johansson qui les a déterminés comme Gynochthodes (qu’il dissociait à l’époque de Morinda et de Coelospermum ), en raison de ses fruits en syncarpes. Toutefois, depuis l’étude phylogénétique de Razafimandimbison et al. (2009), il apparaît que les Coelospermum peuvent être distingués des Gynochthodes (incluant une large part des Morinda fide Johansson [1994]) grâce aux étamines nettement exsertes et récurvées (vs insertes ou partiellement visibles à la gorge), ce qui est le cas de la présente espèce. De plus l’espèce porte des inflorescences paniculiformes ou corymbiformes (vs en ombelles de syncarpes chez Gynochthodes ) à noeuds renflés, ce qui est similaire aux trois espèces de Coelospermum déjà connues pour la Nouvelle-Calédonie ( Johansson 1988).
Si Coelospermum nomac sp. nov. noircit au séchage, l’espèce n’est a priori pas à rapprocher de l’espèce douteuse Coelospermum nigrescens de Krause , car le type (qui a été détruit à B) est indiqué comme originaire du Sud de la Nouvelle-Calédonie et, au regard du protologue et de la clé fournie par Guillaumin (1930), C. nigrescens ne présente aucunes dimensions végétatives et reproductives communes avec C. nomac sp. nov. Pour autant, C. nomac sp. nov., est assez caractéristique dans sa tendance à noircir au séchage, par rapport aux trois autres espèces reconnues. Au cours d’une mise en alcool pour les organes de reproduction (boutons, fleurs et jeunes fruits), nous avons également observé un noircissement complet de structures, sans s’accompagner d’une coloration de l’alcool lui-même. Coelospermum nomac sp. nov. se distingue aussi des autres espèces de Nouvelle-Calédonie par ses fruits généralement syncarpiques, voire ses ovaires déjà partiellement fusionnés, et de toute espèce de Coelospermum par ses lobes de corolle entièrement couverts de longs poils moniliformes (hors Coelospermum dasylobum , en Australie, qui diffère par de nombreux autres caractères comme des feuilles à limbe ovale, un séchage jaunâtre et des fleurs couramment à quatre pétales).
HÉTÉRODISTYLIE
L’espèce nouvelle présente des fleurs à nette hétérodistylie ( Fig. 2E, F View FIG ). Le peu d’individus connus empêche d’avoir une vision claire de la distribution des types brévistyles et longistyles, mais il semble à première vue qu’il s’agisse de caractéristiques individuelles, avec des individus à fleurs brévistyles et des individus à fleurs longistyles. L’hétérodistylie chez les espèces de Coelospermum a été brièvement discutée par Johansson (1988) et semble régulière dans le genre, même si elle reste peu étudiée et renseignée. À ce jour, elle n’était vue que comme une tendance à l’hétérodistylie, avec une simple variation de la longueur du style et des stigmates, sans variation de taille et de position des anthères. Dans le cas de C. nomac sp. nov., l’hétérodistylie est complète, ce qui permettrait encore de démarquer cette espèce des autres espèces du genre.
DESCRIPTION
Liane mesurant jusqu’à 5 m ou plus rarement arbuste lianescent, noircissant intégralement sur le sec. Écorce brungris. Feuilles opposées-décussées. Stipules 1,5-3 mm de longueur, papyracées, glabres, caduques, courtement acuminées à tronquées, fusionnées sur la majeure partie de la longueur. Pétiole 15-35 mm de longueur, grêle, glabre. Limbe 3,5-13 × 1,1-2,4 cm, étroitement à largement obovale, oblong ou elliptique, généralement coriace, rarement papyracé; face adaxiale vert foncé, brillante, cuticule non striée, glabre, avec une nervure médiane vert clair; face abaxiale vert clair, glabre, avec une nervure médiane vert clair à vert rougeâtre; base longuement atténuée; marge plane à faiblement récurvée; apex obtus-arrondi à aigu ou acuminé à acumen jusqu’à 7 mm de longueur; 4-7 paires de nervures secondaires, nervation incluse dans l’épaisseur du limbe; domaties généralement absentes ou en cryptes à l’aisselle des nervures secondaires. Inflorescences généralement une panicule, quelquefois un corymbe ou une ombelle, 4-11 cm de longueur, comportant env. 3-30 fleurs, avec 1-7 divisions rarement uniflores ou classiquement en ombelles syncarpiques, chacune à (2-)3-9 fleurs; noeuds des axes enflés, dépourvus de bractées ou portant des bractées similaires aux feuilles, plus ou moins réduites en taille; divisions basses de 1,5-3,5 cm de longueur; axes opposés. Fleurs 4-6-mères, hermaphrodites, hétérostyles. Pédicelles généralement simples, quelquefois partiellement fusionnés, 2-10 mm de longueur et 1,1-1,3 mm de diamètre dans la fleur, s’allongeant jusqu’à 16 mm de longueur et 3,2 mm de diamètre environ dans le fruit. Calice vert clair, à tube de 1-1,8 mm de longueur, 2 à 2,8 mm de diamètre, tronqué; collétères abondants le long de la base interne; dents du calice de 0,2-0,3 mm de longueur. Corolle blanc pur à blanc teinté de rose en partie externe, devenant jaunâtre puis noirâtre, vert-rosé en bouton, charnue, infundibuliforme; tube de la corolle de 3,5-6 mm de longueur et 2,2-3 mm de diamètre, couvert de poils papilleux au centre et de longs poils striés en partie haute de la face interne, glabre en partie externe, partie basse du tube munie d’étroites fentes alternant avec les lobes; lobes de la corolle de 4-7 mm de longueur, 2,5-3 mm de largeur, oblongo-elliptiques à obovales, obtus à l’apex, papilleux sur les marges, portant de longs poils moniliformes sur toute la surface interne, portant une courte excroissance apicale adaxiale, en pointe de 0,3 mm environ. Étamines des fleurs brévistyles nettement exsertes, légèrement récurvées, insérées à la gorge de la corolle; filament 4,8-7 mm de longueur; anthères 5-7,5 mm de longueur, introrses, oblongo-elliptiques, jaune orangé. Étamines des fleurs longistyles insertes, disposées en fourreau autour du style, insérées à la base du tube de la corolle; filament 1-1,5 mm de longueur; anthères 2,5-3,5 mm de longueur, introrses, oblongo-elliptiques, jaune orangé. Ovaire simple, uniloculaire, à 4(-5) ovules. Style 3-5 mm de longueur dans les fleurs brévistyles; stigmates 1,5-2,5 mm de longueur, verdâtres. Style 4-7 mm de longueur dans les fleurs longistyles; stigmates 2,5-3,5 mm de longueur, verdâtres. Fruits syncarpiques ou plus rarement drupacés, globuleux à pyriformes, 5-11 × 6-14 mm, portant les calices persistants d’environ 2 mm de longueur. Pyrènes (1-)2-4(-5) par division (loge ovarienne), concavo-convexes. NOTE
L’épithète « nomac », valorisée en langue locale Nyelâyu et accordée par l’autorité coutumière compétente pour ce site de récolte à Poum, fait référence au Document d’orientation de l’Accord de Nouméa du 5 mai 1998 (page 8040, JORF n°121 du 27 mai 1998). Son article 1.3.1 prévoit la réhabilitation des noms kanak des lieux dans les langues vernaculaires de Nouvelle-Calédonie. L’usage, dans ce manuscrit, de ce nom propre « nomac », indéclinable en apposition, pour ce nouveau Coelospermum respecte donc cette règle édictée dans l’Accord de Nouméa de 1998. La valorisation au travers de cette dénomination par un toponyme kanak pour cette nouvelle espèce pourra servir de référence à de futures descriptions botaniques en Nouvelle-Calédonie. Cette approche pourra également orienter les populations locales vers une appropriation culturelle de ces plantes micro-endémiques nouvellement décrites, dédiées au nom d’un lieu de leur région coutumière et vers la sauvegarde et la conservation de ce patrimoine végétal néo-calédonien exceptionnel.
No known copyright restrictions apply. See Agosti, D., Egloff, W., 2009. Taxonomic information exchange and copyright: the Plazi approach. BMC Research Notes 2009, 2:53 for further explanation.
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