Trididemnum maratuae, Monniot & Monniot, 2008

Monniot, Françoise & Monniot, Claude, 2008, Compléments sur la diversité des ascidies (Ascidiacea, Tunicata) de l’ouest Pacifique tropical, Zoosystema 30 (4), pp. 799-872 : 819-820

Trididemnum maratuae n. sp.

( Figs 29 ; 30 )

SYNTYPES. — Indonésie. Est Kalimantan, Maratua Island, Danau Haji Buang marine Lake, 2°12.630’N, 118°35.681’E, 1,5 m, 25.IX.2006, coll. L. J. Bell, HBM066, 3 colonies (MNHN A2 TRI 183).

ÉTYMOLOGIE. — D’après la localité type Maratua.

DESCRIPTION

Les colonies sont épaisses de 2 à 3,5 mm selon leur forme: plane ou avec des élévations en dômes. Les colonies encroûtent des éléments divers, débris coralliens ou sédimentaires, algues, etc. Elles vivent en surplomb à faible profondeur. Leur aspect de surface ponctué ( Fig. 30A ) est dû à une accumulation de spicules au niveau des siphons buccaux alors que ces spicules sont peu abondants dans une couche de tunique superficielle vitreuse. La cavité cloacale commune est peu étendue, limitée à la zone des thorax. Les abdomens sont inclus dans une couche de tunique transparente, incolore, de consistance gélatineuse et totalement dépourvue de spicules. Des débris divers sont inclus dans cette couche basale au contact du substrat.

Les zoïdes, incolores, sont très contractés. Le siphon buccal a six lobes pointus ( Fig. 29A ). Il n’y a pas de tache noire en haut de l’endostyle. Le siphon cloacal forme un tube bordé de 6 fins denticules et situé à mi-longueur du thorax. De chaque côté 6 à 8 stigmates ont été comptés dans le premier rang branchial. Les organes thoraciques latéraux petits et ronds se placent au-dessus du deuxième sinus transverse. Le muscle rétracteur, plus ou moins long selon la place des zoïdes, s’isole près du thorax, il est très facilement cassé à la dissection. La taille est mince et longue.

L’abdomen ( Fig.29B ), fragile, est difficile à extraire de la tunique fibreuse. Les compartiments habituels sont bien individualisés. La vésicule testiculaire unique est placée sur la boucle intestinale et entourée de 4, rarement 5 tours du spermiducte. Un ovocyte se développe contre le testicule.

Les larves ( Fig. 29C ) ont été trouvées dans la couche basale des colonies. Beaucoup sont tératologiques, avec des papilles adhésives manquantes ou mal formées, des vésicules épidermiques déformées ou réduites.Les larves qui paraissent saines mesurent 0,3 mm pour le tronc. Les 3 papilles adhésives sont portées par des pédoncules minces et longs. De chaque côté s’allongent 3 vésicules épidermiques. La branchie et le tube digestif sont déjà différenciés. Ocelle et otolithe sont présents. La queue ne décrit que ½ tour, ce qui est rare pour des larves aussi petites.

Les spicules ( Fig. 30B ) sont bien calcifiés, de structure uniforme mais présents seulement dans la couche supérieure des colonies; massifs, de 35 µm de diamètre, leurs rayons sont très courts et obtus constitués de fibres de longueurs inégales, peu soudées émanant d’un centre épais.

REMARQUES

Cette nouvelle espèce est assez facile à reconnaître par sa surface ponctuée ( Fig. 30A ) due aux spicules accumulés sur les siphons buccaux, des spicules massifs à rayons très courts dans une mince couche de tunique superficielle et des larves très petites avec seulement trois paires de vésicules épidermiques. Des spicules à rayons courts mais beaucoup plus gros se trouvent chez Trididemnum areolatum ( Herdman, 1906) , d’après Kott (2001: fig. 173I), et chez T. planum Sluiter, 1909 , d’après Kott (2004a: 62, fig. 18A); ces espèces ont un pigment foncé et des larves différentes, beaucoup plus grandes.

La présence de malformations chez de nombreuses larves de T. maratuae n. sp. peut être due à l’habitat particulier dans un lac marin à faible profondeur soumis à des dessalures temporaires des eaux de surface au moment des fortes pluies.

Figures

FIG. 29. — Trididemnum maratuae n. sp.: A, zoïde; B, abdomen; C, larve. Échelle: 0,3 mm.

FIG. 30. — Trididemnum maratuae n. sp.: A, détail de la surface de la colonie; B, spicules. Échelle: B, 10 μm.